Lot n° 31

CASANOVA (Giacomo) — CASANOVA (Giacomo).

Estimation : 3000 - 5000 €
Adjudication : 8 250 €
Description
Mémoires de Jacques Casanova de Seingalt, écrits par lui-même. Édition originale, la seule complète. Paris, Paulin, 1833-1837. 10 volumes in-8 (213 x 128 mm), demi-veau violet, chiffre doré au centre des plats, dos à nerfs à décor doré (Reliure de l’époque).Casanova meurt en 1798 au château de Dux en Bohême, où il est bibliothécaire du comte de Waldstein. L'éditeur allemand Friedrich Arnold Brockhaus achète le manuscrit de ses Mémoires à ses héritiers en 1821 et décide d’en donner une traduction allemande expurgée, confiée à Willem von Schütz. Celui-ci n’accepte pas tous les amendements et coupes exigés par l’éditeur : "je ne peux absolument pas accepter que, dans une édition originale de ces Mémoires, vous vouliez en supprimer presque entièrement les aspects érotiques". En vain, les épisodes de MM et CC durent disparaître... La publication, échelonnée de 1822 à 1828, connut un tel succès qu’elle fut aussitôt suivie en France d’une édition lancée par l’éditeur parisien Victor Tournachon, le père de Nadar, en 14 volumes retraduits de l’allemand en français, publiés de 1825 à 1828.
La maison Brockhaus décida alors de publier les Mémoires en français, langue dans laquelle ils avaient été rédigés. Mais amendés et réécrits par un professeur de français de Dresde, Jean Laforgue. Les quatre premiers volumes parurent en 1826-27 et firent scandale. Aussi les quatre volumes suivants ne furent-ils publiés qu'en 1832, et les quatre derniers en 1838.
"Ces délais donnèrent lieu à une nouvelle édition concurrente, confiée par l’éditeur Paulin au journaliste Busoni – la nôtre –, qui posa longtemps une énigme aux Casanovistes : après avoir assez fidèlement reproduit en 1833 les huit premiers volumes de la version Laforgue, Busoni et Paulin réussirent à la devancer en publiant un an plus tôt (en 1837) leur propre fin en deux volumes, avec des passages inédits. On s’interroge depuis longtemps sur la possible existence d’un manuscrit inconnu, mais Helmut Watzlawick (Casanova Gleanings, XX) semble avoir démontré que les éditeurs avaient mêlé assez librement les textes Schütz et Tournachon".
Quels que soient leurs défauts et leurs mérites respectifs, les versions Schütz, Laforgue et Busoni / Paulin des années 1820 et 1830, qui offrent un Casanova de style Restauration à la plume fleurie, eurent le mérite "d'immortaliser auprès des romantiques, Stendhal, Musset, Sainte-Beuve, le grand Vénitien dans sa gloire, au plus beau de son âge".
TRÈS BEL EXEMPLAIRE EN ÉLÉGANTE RELIURE DE L'ÉPOQUE, COMPLET DES DEUX RARES DERNIERS VOLUMES (leur décor légèrement différent est dû aux 4 années écoulées depuis la publication des huit premiers volumes).
Il a été relié pour JOHANN GEORG SCHICKLER (1793-1843), d'une famille protestante de banquiers établis dans la province de Bade, en Suisse et à Berlin. Installé en France, il achète en 1828 l'hôtel Crozat, 17 place Vendôme, actuel Ritz. Il loue le château de Rambouillet où sa meute d’une centaine de chiens était dépassée seulement par celle du duc d’Aumale à Chantilly. Victime d'un accident, il renonce à la chasse et meurt jeune.
Ses deux filles épousent l'une (Georgina) Edgar, comte de Choiseul-Praslin. Et l'autre (Malvina) Louis Napoléon Suchet, second duc d'Albufera. Ses deux fils Arthur et Fernand épousent les filles jumelles de Louis Ferdinand Roger du Nord, un banquier suisse qui a rejoint la France et figure sur la liste des « vingt négociants réunis » qui prêtent de l’argent à Bonaparte après le 18 brumaire. Arthur et Fernand héritent de la Banque Schickler Frères, qui reste active pendant tout le XIXe siècle. En 1858 Fernand achète aux Orléans le château de Bizy et le fait reconstruire dans le style "néo-classique romain" par l'architecte William Henry White. Il fonde la bibliothèque de la Société de l'histoire du protestantisme français à son domicile, place Vendôme, puis offre à la Société l'immeuble du 54 rue des Saints-Pères qu'elle occupe toujours. Il lèguera Bizy à son petit-neveu d'Albufera, descendant de sa sœur Malvina.
Provenance Jean Georges Schickler (son monogramme JGS sur les plats) – son fils Ferdinand ou sa fille Malvina, épouse de Louis Napléon Suchet, duc d'Albufera - Succession duc d’Albufera.
Tache à 2 ff. du tome 8, quelques rousseurs dans les tomes 9 et 10. Très légères différences de teinte et très petits accidents à quelques dos.
Pollo, 218-220 – Rives Childs, n°12 – Carteret, I, 153 – Vicaire, II, 121 – Pléiade Casanova, dir. G Lahouati et M.F. Luna, 2013, pp. 1164-1172.
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