Lot n° 119

DUFY Raoul (1877 - 1953)— 13 L.A.S. «Raoul Dufy» ou «Raoul», 1936 - 1951 et s.d., à Marcelle OURY ; 21 pages in-4 ou in-8 (quelques petites fentes aux plis).

Estimation : 5000 - 6000
Adjudication : Invendu
Description
Belle correspondance amicale. [Marcelle OURY (1894 - 1970), journaliste et critique d'art, mère de Gérard Oury, était amie des peintres, dont Raoul Dufy, à qui elle a consacré un beau livre : Lettre à mon peintre Raoul Dufy (Librairie académique Perrin, 1965).]

- Paris 2 mars [1936 ?]. Il travaille comme un forçat sur son exposition de Londres, sur ses «études faites l'été dernier avec la rapidité d'un opérateur de cinéma. [...] Je suis donc penché sur mes champs de courses et mes régates et ça commence à bien marcher. C'est un travail des plus ingrats que j'aie jamais fait. [...] Paris n'est pas en fête en ce moment, tout est assez difficile et cependant il me semble que rien n'est trop désespéré. Reviens vite ma petite mascotte»...
- Nice 2 mai 1940. Lettre affectueuse, sur la santé de sa femme Émilienne, dans une maison de santé à Grasse. Il s'est remis au travail. «Où en sont nos projets ? Je pense venir à Paris dans un mois environ, profiter de mon séjour pour voir au Français quelques spectacles classiques pour te faire ces scènes de théâtre aquarellées». Il évoque la possibilité de constituer une collection à un riche homme d'affaires en Argentine. Il dit son affection pour «ma petite Marcelle que j'admire pour tout son courage et toutes sortes d'autres choses», ainsi que son «grand Gérard»...
- Perpignan 25 février 1946. 1 p. in-4. Dufy remercie son amie pour le cadeau d'Universal [une montre] : «Jusqu'à présent j'ai fait peu de cas de l'heure et des montres en général, mais à partir de ce jour je prends cela au sérieux»...
- 16 avril. «Merci de votre si gentil mot que m'a apporté votre hirondelle. Je vous la renvoie avec sous son aile ce petit mot chargé de tous mes souvenirs et de mon affectueuse amitié»...
- 13 juin 1946. Il espère que sa santé va s'améliorer, avant la venue de sa chère Marcelle. «Alors tu pourras te reposer de tout le travail que ton activité débordante t'aura imposé. Dans un mois nous ferons de nouveau nos petites cause­ries pleines des histoires que tu rapporteras. Puisse le ciel s'éclairer un peu pour moi»...
- 20 août. Il la prie de verser de l'argent à son avocat suisse : «je n'ai pas hésité à te demander ce service parce que tu es un amour pour moi comme je suis pour toi. Comme tu as dû être heureuse de trouver à ton arrivée à Cannes avec les enfants, ta maman et ces fleurs et tous ces mots d'amour pour t'accueillir. Je pense à mes petits tableaux qui sont l'objet et les témoins de tout ce bonheur. Ma santé n'est pas trop mal mais je suis tellement impatient d'un très grand mieux. Je suis toujours choyé comme un enfant. Je me suis remis au travail. De tous côtés j'ai de tels témoignages de l'intérêt qu'on porte à mes travaux que j'en suis bien réconforté, ça m'aide à supporter mes misères»...
- Tucson (Arizona) 25 mai 1951. Il est inquiet pour la santé de Berthe [son infirmière Berthe Reysz], qui est hospitalisée. «Ne crains rien pour moi nous avons amené avec nous une domestique française qui est parfaite et comme je me remue beaucoup plus facilement ça va». Il pense rega­gner la France fin juin... [Boston]. Sa santé s'améliore, mais il faut continuer le traitement avant de rentrer en France. «Mes affaires ici s'arrangent bien, c'est tout à fait autre chose qu'en France. Tout ce qu'on vend à Paris vient ici avec des prix en Dollars, mais il faut veiller que le marché soit inondé de Dufy, ce n'est pas encore le cas. [...] Je marche à présent avec des cannes, j'ai l'impression que je suis parti pour une nouvelle série de meilleurs jours»... Saint-Denis s/Sarthon (Orne). Grippé, il a dû changer ses projets. «Si tu veux montrer à ton jeune égyptien de très bonnes choses à moi, il faut aller chez Mazaraki [...] J'ai des gravures à finir et ensuite j'irai à Paris»... - Il termine «des grands travaux en retard. Voilà deux mois que je n'ai pas levé les yeux de dessus mon ouvrage. Je vais avoir fini dans 4 ou 5 jours et ce sera une grande délivrance pour moi. Je vais enfin pouvoir faire des tableaux moins encombrants et plus vendables. Voilà 3 ans que je fais des grandes compositions, couvrant des centaines de mètres carrés et quoique passionnants ces travaux sont onéreux à cause de la peine et des frais qu'ils exigent, ils fatiguent et ruinent»... Il se réjouit des succès de Gérard... Mardi. Il apprécie «cette brouette myosotis chargée de roses et embellie d'une bordure d'or, d'une arabesque de clinquant et d'une verdure de véritable asparagus. Mais ce que j'apprécie surtout à travers ces splendeurs c'est ta gentille pensée qui est pour moi la plus belle fleur invisible dans ton bouquet de bonne année. [...] Je donnerais beaucoup pour passer un moment auprès de toi dans tes Hautes Alpes ; tiens je donnerais une belle aquarelle la plus belle que j'aie, un beau tableau et un beau vase émaillé bleu et blanc. Hélas je suis attaché ici, mon travail, mes travaux et tous les soucis qui les accompagnent »…

— On joint une L.A.S., Le Havre 11 septembre [1920], à la galerie BERNHEIM jeune (2 p. in-8). Il se demande s’il sera prêt pour son exposition en octobre. « J’ai été très empêché dans mon travail par le mauvais temps, néanmoins j’ai beaucoup travaillé et réunirai un ensemble de plages, baigneurs et régates et une série de couchers de soleil sur la mer à l’aquarelle »...

PROVENANCE
Marcelle Oury ; son fils Gérard Oury (vente Artcurial 21 avril 2009, n° 227).
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