Lot n° 85

HUGO Victor (1802-1885). — L.A.S. "Victor m. Hugo", Paris, 16 août 1822, adressée à Edme HEREAU, directeur de la Revue encyclopédique. — 1 page in-4 (déchirure marginale due à l'ouverture sans atteinte au texte).

Estimation : 1500 - 2000
Adjudication : 1 581 €
Description
Polémique autour des Odes et poésies diverses Lettre autographe signée « Victor m. Hugo » au directeur de la Revue encyclopédique Edme Héreau avec apostille autographe signée de celui-ci. Paris, 16 août 1822.
Une p. in-4, adresse au dos, déchirure marginale due à l'ouverture sans atteinte au texte. Rare lettre concernant son premier recueil poétique : « Je viens de lire dans votre n° de juillet un article qui me concerne et dans cet article une accusation formelle de calomnie envers mon pays. Je ne suis pas, monsieur, des gens qui calomnient ni des gens que l’on calomnie. J’aime et j’honore mon pays plus que qui que ce soit. Si mes vers valaient la peine d’être lus attentivement, M. le rédacteur y aurait trouvé tout le contraire de ce qu’il me reproche. Je veux bien ne voir que de l’irréflexion dans cette phrase d’un article dont la partie littéraire est d’ailleurs pleine d’indulgence, et j’espère que l’insertion de cette lettre me prouvera qu’il désavoue l’offense qu’il s’est permise contre moi. J’ignoreee si, comme il veut bien le dire, mon pays me demandera compte de mes talents, mais je sais que je demanderai à tout le monde compte d’un outrage. Point d’éloges, si vous voulez, mais point de calomnies... »
Edme Héreau a inscrit le brouillon de sa réponse sur les deux pages intérieures : «... Vous prétendez être calomnié, mais c’est moi qui ai cru trouver dans vos Odes, que j’ai lues et bien lues parce qu’elles le méritent sous divers rapports, des passages outrageants pour la France. Voici celui particulièrement que j’ai cité et que j’ai incriminé : "Si quelqu’un vient à vous vantant la jeune France, Nos exploits, notre tolérance, Et nos tems féconds en bienfaits Soyez contens, lisez nos récentes histoires, Évoquez nos vertus, interrogez nos gloires : Vous pourrez choisir des forfaits !" Dans ce passage, où je veux bien, à mon tour, ne voir que de l’irréflexion, j’ai trouvé que la France était calomniée, et par qui ? par un Français qui, ai-je dit, fait partie lui-même de cette jeune France et qui doit ses talents aux institutions d’un siècle qu’il cherche à flétrir ! Telle est, Monsieur, mon opinion sur ce passage ; j’ai cité et j’ai improuvé : maintenant le public, qui a devant lui les pièces du procès, sera juge entre nous. Que si vous persistiez à voir dans un article où ma signature devrait vous prouver que j’ai écrit selon ma conscience morale et littéraire, une affaire personnelle, les tribunaux sont là ; vous pouvez donner cours à une plainte qui, j’aime à le croire, vous paraîtra à vous-même mal fondée, si vous voulez bien réfléchir qu’en disant que la patrie vous demanderait un jour compte de l’emploi de vos talens, j’ai montré toute l’estime que je professe pour ces talens, que la démarche même que vous faites aujourd’hui, bien qu’un peu irrégulière dans la forme, me fait étendre à votre caractère...
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