Lot n° 38

DEBUSSY Claude (1862 - 1918)L.A.S. «ADebussy», Villa Médici [fi n juin 1885], à Henri VASNIER ; 4 pages in-8 à l'encre violette. Belle lettre sur son séjour à Rome à la Villa Médicis. Il remercie de l'envoi de photographies : «je m'en vais...

Estimation : 2000 - 2500
Adjudication : 1 950 €
Description
pouvoir me fi gurer que je ne vous ai pas quittés, vous tous qui étiez ma seconde famille, et que je regrette tant, elles vont peut-être me paraître moins dures ces longues soirées si tristes maintenant, ces photographies me rappelant celles où je travaillais si joyeusement. Je leur demanderai assez d'illusion, pour sinon travailler joyeusement, du moins, courageusement, je regrette qu'il n'y ait pas la vôtre, pour que le tableau soit complet. Je vous demande pardon de vous répéter toujours la même chose, mais j'ai toujours bien de la peine à m'habituer à la Villa et bien besoin que l'on me donne du courage. Je suis guéri de ma fi èvre, et me suis mis à travailler, ça ne vient pas très bien par exemple, tellement que, quelquefois je me demande si j'ai jamais fait de musique, ce n'est pas une chose des moins tristes qui font partie des ennuis dont me comble Rome. Quant à Zuleima, je vous remercie de votre intérêt amical à son égard, mais je ne pourrai jamais faire la 3e partie, c'est trop bête ; la 2e ne me plaît pas beaucoup non plus ; donc il ne reste plus que la 1re, ce n'est vraiment pas assez, je ne dis pas que je ne m'y remettrai pas, mais il faudra que les autres parties soient très remaniées, puis j'aime mieux faire quelque chose de nouveau, qui me plaise absolument surtout dans l'état d'esprit où je suis, car, ayant déjà beaucoup de mal à travailler, même sur Diane, je me demande ce qu'il en serait, si il me fallait faire une chose qui m'est devenue aff reusement antipathique. Pour ce que vous me dites à propos de mes mélodies, je puis vous assurer que je n'y ai nullement renoncé, je vous l'enverrai aussitôt qu'elles seront terminées, du reste, ce n'est plus que l'hiver prochain que nous pourrons nous en occuper, la saison d'été n'étant pas fertile en publications». Il demandera au peintre Rochegrosse d'intervenir auprès de Théodore de Banville (son père adoptif) : «J'ai même l'intention de lui faire ajouter quelques chœurs». Puis il évoque le concours de la Ville de Paris, remporté par Vincent d'INDY avec Le Chant de la cloche : «Il y a un sentiment dans la joie du Père FRANCK, à propos de d'Indy, dont vous ne vous doutez peut-être pas, c'est d'avoir battu des prix de Rome, il a toujours rêvé d'avoir une classe de composition ; donc il est très heureux de voir son enseignement vaincre en quelque sorte celui du Conservatoire. Cela n'ôte en rien à la valeur musicale de d'Indy, que je considère, comme un garçon très fort» GOUNOD devrait venir voir HÉBERT (directeur de la Villa Médicis) à Rome dans l'hiver : «Eh bien, à eux deux, ils ne seront pas drôles, car Hébert pontifi ant presque autant que Gounod, vous vous doutez facilement ce que nous allons avoir à subir d'idées trop grandes et de mots très creux. À propos des Hébert, ils me témoignent un intérêt un peu fatigant. Sous prétexte de chercher à me rendre la Villa sympathique, ils vont me la rendre un peu plus odieuse. Vous allez me dire que je ne suis pas changé, mais si ils étaient à Paris, je les aimerais peut-être beaucoup, ici ils ne sont pour moi que des geôliers et rien de plus»..... Correspondance, n° 1885-10.
DEBUSSY Claude (1862 - 1918)L.A.S. «ADebussy», Villa Médici [fi n juin 1885], à Henri VASNIER ; 4 pages in-8 à l'encre violette. Belle lettre sur son séjour à Rome à la Villa Médicis. Il remercie de l'envoi de photographies : «je m'en vais pouvoir me fi gurer que je ne vous ai pas quittés, vous tous qui étiez ma seconde famille, et que je regrette tant, elles vont peut-être me paraître moins dures ces longues soirées si tristes maintenant, ces photographies me rappelant celles où je travaillais si joyeusement. Je leur demanderai assez d'illusion, pour sinon travailler joyeusement, du moins, courageusement, je regrette qu'il n'y ait pas la vôtre, pour que le tableau soit complet. Je vous demande pardon de vous répéter toujours la même chose, mais j'ai toujours bien de la peine à m'habituer à la Villa et bien besoin que l'on me donne du courage. Je suis guéri de ma fi èvre, et me suis mis à travailler, ça ne vient pas très bien par exemple, tellement que, quelquefois je me demande si j'ai jamais fait de musique, ce n'est pas une chose des moins tristes qui font partie des ennuis dont me comble Rome. Quant à Zuleima, je vous remercie de votre intérêt amical à son égard, mais je ne pourrai jamais faire la 3e partie, c'est trop bête ; la 2e ne me plaît pas beaucoup non plus ; donc il ne reste plus que la 1re, ce n'est vraiment pas assez, je ne dis pas que je ne m'y remettrai pas, mais il faudra que les autres parties soient très remaniées, puis j'aime mieux faire quelque chose de nouveau, qui me plaise absolument surtout dans l'état d'esprit où je suis, car, ayant déjà beaucoup de mal à travailler, même sur Diane, je me demande ce qu'il en serait, si il me fallait faire une chose qui m'est devenue aff reusement antipathique. Pour ce que vous me dites à propos de mes mélodies, je puis vous assurer que je n'y ai nullement renoncé, je vous l'enverrai aussitôt qu'elles seront terminées, du reste, ce n'est plus que l'hiver prochain que nous pourrons nous en occuper, la saison d'été n'étant pas fertile en publications». Il demandera au peintre Rochegrosse d'intervenir auprès de Théodore de Banville (son père adoptif) : «J'ai même l'intention de lui faire ajouter quelques chœurs». Puis il évoque le concours de la Ville de Paris, remporté par Vincent d'INDY avec Le Chant de la cloche : «Il y a un sentiment dans la joie du Père FRANCK, à propos de d'Indy, dont vous ne vous doutez peut-être pas, c'est d'avoir battu des prix de Rome, il a toujours rêvé d'avoir une classe de composition ; donc il est très heureux de voir son enseignement vaincre en quelque sorte celui du Conservatoire. Cela n'ôte en rien à la valeur musicale de d'Indy, que je considère, comme un garçon très fort» GOUNOD devrait venir voir HÉBERT (directeur de la Villa Médicis) à Rome dans l'hiver : «Eh bien, à eux deux, ils ne seront pas drôles, car Hébert pontifi ant presque autant que Gounod, vous vous doutez facilement ce que nous allons avoir à subir d'idées trop grandes et de mots très creux. À propos des Hébert, ils me témoignent un intérêt un peu fatigant. Sous prétexte de chercher à me rendre la Villa sympathique, ils vont me la rendre un peu plus odieuse. Vous allez me dire que je ne suis pas changé, mais si ils étaient à Paris, je les aimerais peut-être beaucoup, ici ils ne sont pour moi que des geôliers et rien de plus»..... Correspondance, n° 1885-10.
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