Lot n° 207

voltaire (1694-1778). L.A.S. «V», Ferney 7 octobre 1761, au cardinal de BERNIS ; 4 pages in-4. …

Estimation : 5 000 - 7 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
voltaire (1694-1778). L.A.S. «V», Ferney 7 octobre 1761, au cardinal de BERNIS ; 4 pages in-4.
Très belle lettre au cardinal de Bernis, parlant de son travail sur Corneille.
«Monseigneur
Béni soit Dieu de ce qu'il vous fait aimer toujours les lettres ; avec ce goust là, un estomac qui digere, deux cent mille livres de rente, et un chapeau rouge, on est au dessus de tous les Souverains. Mettez la main sur la conscience; quoique vous portiez un beau nom, et que vous soyez né avec une élévation dans l'esprit, digne de votre naissance, c'est aux lettres que vous devez votre fortune, ce sont elles qui ont fait connaitre votre merite, elles feront toujours la douceur de votre vie. Je m'imagine quelquefois dans mes rêves que vous pouriez avoir des indigestions, que vous pouriez faire comme M. le duc de Villars, Madame la comtesse d'Harcourt, Madame la marquise de Mui, etc. etc. etc., qui sont venues voir TRONCHIN comme on allait autrefois à Épidaure. J'ay aux portes de Geneve un hermitage intitulé les Délices. [...] Enfin toutte mon ambition est que Votre Eminence ait des indigestions. Cela serait plaisant. Pourquoy non ? Permettez moy de rèver».
Puis il parle de son travail sur le Théâtre de Pierre CORNEILLE : «Votre reflexion Monseigneur sur la dédicace à l'Académie est très juste, mais figurez vous que l'Académie, loin de vouloir que j'adoucisse le tableau des injustices qu'essuia Pierre, veut que je le charge, et cette injonction est en marge du manuscrit. On est indigné d'une certaine protection qu'on a donnée à certaines injures, etc. etc.
Permettrez vous que j'aye l'honneur de vous envoyer les commentaires sur les pièces principales ? Vous avez sans doute votre breviaire de St Pierre Corneille. Vous me jugeriez et cela vous amuserait. [...] Ce travail est assez considérable, et transcrire est bien long. En attendant je demande à Votre Eminence la continuation de vos bontez, mais surtout la continuation de votre philosophie, qui seule fait le bonheur.
Ne bâtissez vous point, ne plantez vous point ? Avez vous une épitre de moi sur l'agriculture ? Batissez Monseigneur, plantez, etc. Vous gouterez les joyes du paradis»...
Correspondance (Pléiade), t. VI, p. 607.
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