Lot n° 179
Sélection Bibliorare

Gérard de NERVAL (1808-1885). L.A.S. « G. Labrunie », Le Caire 14 février [1843, à son …

Estimation : 4 000 - 5 000 EUR
Adjudication : 7 040 €
Description
Gérard de NERVAL (1808-1885). L.A.S. « G. Labrunie », Le Caire 14 février [1843, à son père, M. Labrunie ; 3 pages in-8, adresse avec cachets postaux (fentes de désinfection ; petit manque à un coin).

Belle lettre à son père, sur son voyage en Égypte et son séjour au Caire.
... « Nous avons visité Alexandrie et les environs, puis nous avons loué une barque pour remonter le Nil. Nous avons mis cinq jours pour arriver au Caire. La ville est immense et c’est à peine encore si nous en connaissons une partie. Nous avons commencé par nous loger à l’hôtel français, mais il fallait payer 7ll50 par jour, de sorte qu’on nous a dit qu’il volait mieux louer une maison et y faire faire notre cuisine, tout étant fort bon marché d’ailleurs. Après cinq à six jours d’hotel nous avons pris ce parti. Nous avons trouvé une maison complète dans le quartier copte, pour 1ll25 par jour chacun. Le domestique nous coûte 75c et la nourriture, et ainsi nous vivons très bien et très convenablement ».
Ils ont visité avec le consul « le palais et les jardins d’Ibrahim pacha. Dans deux jours il nous a promis de nous conduire lui-même à Gizeh et aux pyramides ». Ayant été reçu à la Société Égyptienne, il dispose de « tous les livres possibles concernant l’Égypte ce qui me permet d’étudier, à mesure que je vois les choses ». Sa santé est excellente... Il ne mange que des choses simples et ne fait « aucune sorte d’excès [...] la volaille est à très bon marché et l’on mange aussi beaucoup de riz et de légumes. Nous avons des petits pois verts excellents. Quant aux fruits, ce n’en est pas la saison et nous n’avons mangé que des dattes fraîches à Alexandrie et des bananes qui sont délicieuses ; mais au Caire on n’en peut plus trouver. Le tems est toujours magnifique et représente constamment un été d’Europe, ou tout au moins un printems. La verdeur et les fleurs sont eternelles dans ces heureux pays, je traverse tous les jours dans la ville même des jardins délicieux. Toutefois nous n’allons pas tarder à nous remettre en route pour visiter encore quelques points du pays et nous diriger ensuite vers la Syrie afin d’être à Jérusalem aux fêtes de Pâques. C’est le plus beau moment pour voir cette ville ; ensuite nous nous dirigerons vers Damas et Beyrout »...
Les Égyptiens « sont d’une douceur admirable ce serait le meilleur peuple de la t[erre sans] son avidité pour le Bachiz (pourboire). La ville est très grande et les courses fort longues, mais il y a un système d’anes fort commode dont tout le monde se sert. Ils sont beaucoup plus forts qu’en Europe et vont très vite, de sorte qu’on ne se fatigue ni ne s’échauffe à courir. Cela coûte environ cinq sous l’heure ; il est presque impossible d’aller à pied ».
Nerval pense à son isolement et à son père, dont il souffre d’être éloigné. Il espère être de retour vers juillet « ayant fait la tournée complète et amassé de bons sujets de travail ». Sa santé « n’a pas été ébranlée un seul instant »...
Œuvres complètes (éd. Guillaume-Pichois, Pléiade), t. I, p. 1391.
Anciennes collections Arsène et Henry Houssaye ; Jules Marsan (n° 46, 1°) ; puis Daniel Sickles (II, 459).
Exposition Gérard de Nerval, Maison de Balzac 1981 (n° 107).
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