Lot n° 12
Sélection Bibliorare

[BIBLE] ÉPÎTRE DE PAUL AUX ROMAINS — Monastère Sainte-Catherine au Sinaï, fin du 5e - début du 6e siècle. — Fragment manuscrit sur parchemin écrit en syriaque.

Estimation : 80 000 - 120 000 €
Adjudication : 299 000 €
Description
Cahier de 6 ff. (premier feuillet partiel) sur parchemin ; 285 x 215 mm (235 x 172 mm) ; 24 lignes sur deux colonnes, encre carbone ; réglures à la mine de plomb ; foliotation au centre de la marge supérieure du recto des feuillet d’une main plus tardive en syriaque ; alphabet syriaque dans sa version la plus ancienne, l’Estrangelo (voir art. de A. Juckel), annotations marginales plus tardives ; titres courants et instructions liturgiques marginales plus tardives rubriquées ; Coins des feuillets renforcés avec des feuillets de parchemins d’anciens manuscrits de même provenance, anciens renforts avec points de couture, mouillure en marge supérieure, extérieurs des marges avec légers manques, déchirures et noircissement d’usure ; étui de conservation.
Ces feuillets sont l'un des plus anciens manuscrits du Nouveau Testament en syriaque, dite de la Bible de Peshitta. Ils font partie d’un important codex biblique, depuis longtemps disparu, provenant du monastère Sainte-Catherine au Sinaï.

TEXTE
Le texte contenu dans ce fragment de six feuillets contient l’Epître de Paul aux romains (6:12-10:7) dans la version syriaque de Peshitta. Il est connu par les spécialistes sous son ancienne cote le Ms. Schøyen 2530 et fait partie d’un ensemble de 107 ff. connus sous le nom de Sinaï syr. 3. Il a été identifié par Andreas Juckel dans son article en 2009 et l’ensemble a été répertorié dernièrement par Paul Géhin en 2017 dans son inventaire des Manuscrits syriaques de parchemin du Sinaï et leur membra disjecta (p.30). Les Epîtres de Paul connaissent aussi des versions syriaques anciennes de la fin du IIe siècle. Eusèbe de Césarée indique que Hégésippe de Jérusalem (c. 115-c.180) fit quelques citations des Evangiles avec des sources hébraïques et syriaques. Des mentions de versions syriaques des Épîtres de Paul sont cités par Aphrahat († c. 345) et Ephrem († 373), cependant les témoins manuscrits ont disparu ou demeurent inconnus des spécialistes. On ne connaît que deux témoins datables du Ve siècle de l’ancienne Bible en syriaque, qui précède la version de la Peshitta : le célèbre Codex curétonien conservé à la British Library (Add. 14451) et le palimpseste du Sinaï (Syriaque 30) ; aucun ne contient les épîtres de Paul. Durant le cinquième siècle, l’ancienne version fut progressivement remplacée par la Peshitta, une traduction plus simple du texte grec.

Notre manuscrit, de par son ancienneté dans le stemma, tient une place importante dans la tradition textuelle de la Peshitta. Andreas Juckel démontre dans son article que l’origine de notre texte n’est pas strictement grecque mais aussi syriaque : «The conclusion is that the textual profile of Ms. Schøyen 2530/Sinai syr. 3 has a good claim for anteriority to those profiles which are closer to the ‘majority text’. Even traces of ‘Old Syriac’ heritage may well be preserved in its ‘minority portion’. By kindly introducing his precious manuscript no. 2530 to scholarship Martin Schøyen did not only open his treasure chamber but also an exciting perspective on Peshitta research. » Ce fragment serait alors le premier manuscrit connu, à porter une trace de la version perdue en ancien syriaque des Epîtres de Paul.

PROVENANCE
Le monastère Sainte-Catherine au Sinaï fut fondé par l’empereur Justinien entre 527 et 565. Notre manuscrit ne provient pas originairement du scriptorium de ce monastère, il fut probablement amené, comme d’autres volumes, au cours du VIIe siècle par des chrétiens fuyant les invasions arabes. Il provient peut-être de la même source que le célèbre palimpseste repéré par Agnes Lewis et sa sœur Margaret GibÆson en 1892 (R. Harris et al., The Four Gospels in Syriac: transcribed from the Sinaitic Palimpsest, 1894). Le codex a probablement été perdu et démembré au XIXe siècle puis vendu chez des antiquaires du Caire en Égypte. Le manuscrit fut conservé aussi dans la Society for Biblical Research, Boston, MA., MS 17 puis vendu à Bruce Ferrini en mai 1998. Il fit ensuite parti de la collection Schøyen, MS 2530 et fut vendu par Sotheby’s le 10 juillet 2012.

BIBLIOGRAPHIE
J.T. Clemons, A Checklist of Syriac Manuscripts in the United States, (1966), no.7; J. Oliver, Sacred and Secular, from the collections of the Endowment for Biblical Research and Boston University (1985), p. 8; In Remembrance of Creation; Evolution of Art and Scholarship in the Medieval and Renaissance Bible, exhibition by Brandeis University (1968), no.34, pp. 22-23 and illustration p. 34; A. Juckel, ‘MS. Schøyen 2530/ Sinai Syr.3 and the New Testament Peshitta’, Hugoye: Journal of Syriac Studies, 6 (2009), pp. 311-36.
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