Lot n° 44

SOPHOCLE — Sophoclis tragaediae septem cum commentariis. [Édition grecque]. — Venise, Alde Manuce « in Aldi Romani Academia», août 1502. — In-8 (85 x 153 mm), (196) ff. dont 3 blancs, le dernier portant la marque typographique (Fletcher 2...

Estimation : 2 000 - 3 000 €
Adjudication : 21 482 €
Description
et A1a). — 30 lignes. Types grecs Gk4:80 et italiques I1:80. (Petite déchirure restaurée au feuillet v6.)
Maroquin rouge du XVIIIe siècle, dos à nerfs orné, roulette dorée encadrant les plats et ornement en losange doré au centre, roulette sur les coupes et contreplats, doubles et triples gardes de vélin, tranches dorées. (Petit cerne foncé touchant le dos en pied et l’angle inférieur gauche du plat supérieur, un coin émoussé.)

Édition princeps du théâtre de Sophocle.

Elle contient les sept tragédies de Sophocle : Ajax, Électre, Œdipe roi, Antigone, Œdipe à Colonne, Les Trachiniennes et Philoctète. Les scholies de Jean Lascaris annoncées dans le titre ne furent imprimées à Rome qu’en 1518. C’est la première fois qu’il est fait mention, dans la dédicace à Lascaris et au colophon, de l’Académie créée par Alde et destinée à faire revivre, sous une forme à la fois conviviale et érudite, la culture et la langue grecque. « On sait qu’Alde et ses éditeurs utilisaient toujours au moins deux manuscrits pour réaliser leurs éditions imprimées. Dans le cas de Sophocle, il est bien établi, depuis Beneševi (‘Das Original der Ausgabe Sophoclis tragoediae…’, 1926), que les deux manuscrits doivent être identifiés avec le Vindobonensis philos. philol. gr. 48 (Y) et le Graecus 731 de Léningrad (Lg) : ce dernier manuscrit ne contient que la triade (Ajax, Électre et Œdipe Roi), mais porte les traces de calibrage qui permettent de l’identifier comme l’exemplaire ayant servi pour l’impression. De plus, un philologue soviétique, B. Fonkich (‘Sur la tradition manuscrite de l’édition aldine…’, 1964), […] a démontré que l’éditeur a été en général assez compétent et a suivi le meilleur manuscrit, c’est-à-dire Y, le plus ancien. […]. Le texte même de l’édition aldine ne semble pas avoir été analysé. Mais Brunck avait raison quand il la qualifiait de ‘praestantissima omnium’ : peu de fautes de frappe, aucun contresens, pas de passages incompréhensibles. […] Les humanistes, avec l’édition aldine, avaient donc en leur possession un texte de Sophocle très acceptable… Preuve en est le nombre d’éditions grecques qui feront référence à l’aldine. Ainsi, les éditions de Simon de Colines (Paris, 1528) et de Joachim Camerarius (Hagneau, 1534) reprennent le texte grec d’Alde. » (Élie Borza, « Venise, Rome et Florence : quatre exemples d’éditions de Sophocle en Italie au XVIe siècle », L’information littéraire, vol. 54, n° 4, 2002, pp. 13-22.)

Une prouesse typographique.

L’édition princeps de Sophocle est le premier « libello portatile » grec. Elle fut imprimée avec la quatrième et dernière fonte grecque mise au point la même année par le typographe Francesco Griffo pour Alde. Ces caractères stylisés constituent une évolution considérable dans la typographie. Se détournant des caractères imitant les manuscrits utilisés jusqu’ici, Francesco propose avec ses caractères cursifs une solution aux problèmes d’impression de textes en alphabet grec : « by any standards it is a masterpiece » (Nicholas Barker, Aldus Manutius, New York, 1992, p. 89). La petite taille de ces caractères miniaturisés rendant la composition plus complexe, le prix de ce volume était le double de celui des ouvrages latins.


PROVENANCE
Bibliothèque de la Sorbonne (cachet dit « à la roue », XVIIIe siècle) ; Léo S. Olschki (ex-libris).


RÉFÉRENCES
Adams S-1438 ; Renouard p. 34, n° 6.
Partager