Lot n° 45

RESTAURATION ET MONARCHIE DE JUILLET. – CLAUDE (Jean) — Manuscrit intitulé « Relation critique des séances de la Chambre des députés, depuis 1829 jusqu'en 1831... par Jean Claude ».

Estimation : 800 - 1000 €
Adjudication : 1 500 €
Description
[Vers 1831]. In-12, 473 pp., rares ratures et corrections, demi-basane brune, dos lisse fileté et fleuronné avec guirlandes dorées en tête et en queue ; reliure frottée avec une pièce de cuir manquante au dos, un mors entièrement fendu, coiffe supérieure usagée, coupes et coins usagée (reliure de l'époque).UNE CHRONIQUE CAUSTIQUE DES MŒURS PARLEMENTAIRES. Comme la publicité des débats parlementaires est limitée sous la Restauration, l'auteur nous signale que c'est par l'obligeance d'un sien cousin, huissier à la Chambre, qu'il a pu y assister. Il est probable qu'il s'agisse là d'un procédé littéraire dissimulant une autre identité derrière le nom suspect de « Jean Claude », que cette relation critique soit un pur divertissement ou qu'elle relève de la satire journalistique.
Hostile à Charles X et au duc de Polignac, ce « Jean Claude » déchire à belles dents les ultras qu'il nomme « les Désastreux », et se montre plutôt favorable à un régime constitutionnel dans la ligne des idées de Benjamin Constant dont il vante les mérites. Il demeure attaché à la forme censitaire qui tient à distance le menu peuple et n'est par ailleurs pas tendre avec le souvenir de Napoléon Ier qu'il nomme « Buonaparte ». Il accueille favorablement le changement de régime en 1830 tout en réservant son opinion pour juger sur ses actes le nouveau pouvoir.
Cependant, railleur, persifleur, il n'épargne presque personne, moque les « bigots » ou sourit du général de La Fayette, et ne résiste pas à un bon mot, appelant La Boulaye « La Boulette » ou forgeant l'anagramme « Gil-Capon » sur le nom de Polignac. Il se montre particulièrement habile à soulever les contradictions qui grèvent les discours des orateurs : « M Berryer annonce qu'il était venu pour défendre nos libertés, pourtant il ne veut pas que les députés soient libres de choisir un autre roi que Charles X, ni qu'on blâme ses actes qui ont été conformes aux lois du royaume... » En fin de volume, il annonce une suite.

Un second volume était prévu (p. 473) ; on ignore s'il fut rédigé.
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