Lot n° 3
Sélection Bibliorare

DANTON (Georges-Jacques). Lettre autographe signée « Danton » à son épouse Gabrielle …

Estimation : 50 000 - 60 000 EUR
Description
DANTON (Georges-Jacques). Lettre autographe signée « Danton » à son épouse Gabrielle Charpentier. Liège, 17 décembre 1792. 3 pp. in-4. 50.000/60.000 TRÈS PRÉCIEUX DOCUMENT DE L'UN DES GRANDS PROTAGONISTES DE LA RÉVOLUTION, ILLUSTRANT SON ENGAGEMENT POLITIQUE ET SA VIE PRIVÉE. « Le courrier qui m’a apporté ta lettre, ma chère Gabrielle, part dans la minutte et je n’ai q[u]’un instant pour te faire connoître le plaisir que j’ai éprouvé en recevant de tes nouvelles ; n’oublie pas de surveiller l’envoy de mes arbres à Arcis [sa maison d'Arcis-sur-Aube] et d’engager ton père à presser l’arrangement de mon logement dans sa maison de serre ; embrasse mille fois mon petit Danton [son fils Antoine, né en 1790]. Dis-lui que son papa tâchera de n’être plus longtemps à dada. On me remet à l’instant la seconde lettre par laquelle je vois que tu as rempli ce que je voulois te recommander. Je trouve aussi que L’AMI BRUNE t’a un peu exagéré les choses [le futur maréchal Guillaume-Marie-Anne Brune, alors membre du club des Cordeliers comme Danton, et ami proche de Danton] en te donnant lieu de croire que je serai retenu plus de deux mois par ma mission. J’espère bien t’embrasser au 1er janvier après avoir passé un jour ou deux à Arcis. J’ai lu dans un papier public qu’UN CERTAIN RIVAROL, dans une conversation avec Laporte, me faisait l’honneur de me ranger dans la classe de ceux qu’ils pouvaient gagner avec des dîners. Serois-[t]u donc assez faible d’avoir eu de l’inquiétude pour de pareilles sottises ; TU SÇAIS QUE SI POUR SERVIR MIEUX MA PATRIE J’AI COURU LE HAZARD DE DÎNER AVEC CERTAINES GENS, J’AI SI BIEN TRAVAILLÉ À LEUR FAIRE DONNER LE BAL QUE NOUS SOMMES COMPLETTEMENT QUITTES. Au surplus tu devrais être plus sage q[u]’une autre sur tous les mauvais commentaires ; tu sçais combien ma vie entière et les combats que j’ai livrés contre les principaux e[n]nemis de la liberté me mettent à portée de confondre tous les malveillants. Tout à toi pour la vie... Écris-moy toujours "Armée de Dumouriez". Je reçois le manteau de Brune au moment où je viens d’en acheter un. Bonjour à tous nos amis après le cher père. » Alors représentant de Paris à la Convention et membre très écouté du club des Jacobins, Georges-Danton défendait l'idée d'une extension de la France dans les limites de ses « frontières naturelles ». Entre novembre et mars 1793, il participa avec d'autres conventionnels à trois missions destinées à organiser les territoires conquis dans l'actuelle Belgique, après la victoire de Jemmapes remportée par le général Dumouriez (6 novembre 1792). Danton était extraordinairement attaché à sa femme Gabrielle, et reçut un coup terrible quand, en mission hors de Paris pour la Convention, il apprit qu'elle était morte en couches en son absence (10 février 1793) : il rentra précipitamment, et la fit la déterrer pour faire mouler son visage par le sculpteur Deseine, afin d'en conserver les traits à jamais. ESSAYISTE ET PAMPHLÉTAIRE ANTIRÉVOLUTIONNAIRE, ANTOINE DE RIVAROL (1753-1801) était par ailleurs le frère de la maîtresse du général Dumouriez. Danton, qui avait favorisé la carrière de ce dernier, était fort vénal et aurait reçu comme la sœur de Rivarol des commissions occultes dans des marchés de fournitures destinés à l'armée de Dumouriez. AMI DE DUMOURIEZ ET PROCHE DE RIVAROL, ARNAUD DE LAPORTE (1737-1792), intendant de la Liste civile (dépendant de la de la Maison du roi), était aussi l'animateur du club monarchiste « Le National », était chargé de soutenir financièrement la propagande royaliste. C'est aussi lui qui distribua les fonds employés pour organiser la fuite de la famille royale à Varennes. Rarissime « LES LETTRES PRIVÉES DE DANTON SONT TRÈS RARES : ON N'EN CONNAÎT TOUT AU PLUS QUE TROIS OU QUATRE » (Charles Vellay, dans « Lettres inédites de Danton », Revue historique de la Révolution française, n° 10, paris, avril-juin 1912, p. 177). Ses lettres autographes officielles sont par ailleurs pour la plupart conservées en dépôts publics. Provenance : anciennes collections Alfred SENSIER (Paris, Librairie Charavay frères, 1878, notices d'Étienne Charavay, n° 201, « autographe de la plus grande rareté », avec reproduction partielle p. 32), Alfred MORRISON (1891, vol. II, p. 5, n° 2, avec reproduction intégrale pl. 60), Arthur MEYER (Paris, Drouot, Francisque Lefrançois et Noël Charavay experts, 3-6 juin 1924, n° 129/autographes-3°) ; Christian Lazard (Paris, Drouot, Pierre Cornuau et Claude Guérin experts, 19 mai 1967, n° 62) ; Robert Gérard.
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