[MOET (Jean-Pierre)].
Estimation :
50 / 100
Adjudication :
220 €
Description
Code de Cythère, ou lit de justice d'amour. A Erotopolis, chez le Dieu Harpocrates, à l'Enseigne de la Nuit, l'An du Monde 7746 [1746], in-12, [8]-LX-81 p., plein veau brun de l'époque, dos à nerfs orné, plats encadrés d'une petite guirlande dorée, roulette dorée sur les coupes (traces d'usage, cachet au 1er f., déchirure restaurée aux deux derniers feuillets avec perte de texte). On ne saurait faire mieux que de reprendre l'excellente notice de notre confrère Alain Marchiset : "Très curieux projet utopique dans lequel l'auteur propose d'ériger la prostitution en institution publique, avec constitution de couvents de filles de joie cloîtrées et dirigées par des Mères directrices, le tout encadré par des prêtres; car pour l'auteur (qui fut avant tout le disciple et le traducteur de l'illuminé Swedenborg) la prostitution en elle-même est « moins préjudiciable à la société que les débauches commises avec des filles ou femmes de particuliers », et c'est donc « une nécessité qu'il y ait des courtisanes comparables aux vestales de l'antiquité ». Ce code utopique contient le règlement très détaillé du fonctionnement des quatre grands bordels prévus pour la capitale et composés chacun de 300 courtisanes divisées en 3 classes selon leur âge (les jeunes favorites, les courtisanes joyeuses, les femmes faites), avec un encadrement de soeurs visiteuses et contrôleuses. Des billets de jouissance pourront être obtenus auprès de bureaux de recettes, distribués dans la capitale. A la fin figure le bordereau comptable des dépenses et recettes. Moët se montre ici un précurseur de Restif de La Bretonne qui ne fit que reprendre l'idée dans son Pornographe".
