Lot n° 46

SÉGUR (Philippe-Paul de). Lettre autographe signée [au naturaliste Georges Cuvier, d'après une …

Estimation : 200 - 300 EUR
Adjudication : 1 375 €
Description
SÉGUR (Philippe-Paul de). Lettre autographe signée [au naturaliste Georges Cuvier, d'après une note ancienne à l'encre]. S.l., 19 mars 1830. 3 pp. in-4. SUPERBE LETTRE CONCERNANT LA CAMPAGNE DE RUSSIE EN 1812, à laquelle Philippe-Paul de Ségur a participé en qualité de général, et sur laquelle il a publié en 1824 un célèbre ouvrage, Histoire de Napoléon et de la Grande Armée, pendant l'année 1812. « Voici une note que m'adresse Mr le g[énéra]l Dumas, intendant g[énér]al de l'armée en 1812. J'ai pensé qu'elle pourrait vous être utile. J'ajouterai que LES ORDRES, DONNES DE TROP LOIN ET DANS UN PAYS DESERT, FURENT SOUVENT MAL EXECUTES, que ce fut le choc rude et indécis de Malo-Iaroslavetz qui décida subitement à LA RETRAITE, et que LA NECESSITE ET L'ENNEMI, PLUTOT QUE LA VOLONTE ET LA PREVOYANCE DE L'EMPEREUR, EN DICTERENT LA DIRECTION ; qu'on n'eut donc pas le temps de préparer tout ce qui eût été indispensable, sur une si longue route, pour un si g[ran]d passage ; que d'ailleurs les distributions de vivres, dans le petit nombre de villes où nous en trouvâmes, furent faites incomplettement, irrégulièrement, et qu'elles ne pouvoient l'être mieux, puisque les régiments avoient perdu leur ensemble. En effet, à qui les délivrer, lorsque la plus g[ran]de partie des soldats de toutes les armes marchoit confusément, pêle-mêle, et ne pouvoit recevoir des secours des magazins qu'en les pillant. D'ailleurs, LA RETRAITE FUT SOUVENT SI PRECIPITEE, QUE DEPUIS SMOLENSK, ET SURTOUT A VILNA ET KOWNO, UNE GRANDE PARTIE DES MAGAZINS TOMBA AU POUVOIR DE L'ENNEMI. On peut dire qu'en reculant comme en avançant, nous ne profitâmes pas des approvisionnements réunis par les soins de MMrs les comte Dumas et Daru, parce que nous allâmes trop vite. Me permettez-vous... de vous rappeler à ce propos la fin du chap[itre] 4 du quatrième livre de mon histoire de la campagne de 1812, le chapitre 14 du neuvième livre, les 2d et 3ème paragraphes du chapitre 2d du 3e livre... Je désire vivement... que ces renseignemens vous soient agréables, ils vous prouveront que ni Mr le g[énér]al Dumas, ni Mr le c[om]te Daru ne peuvent être accusés de nos malheurs. L'ENTREPRISE ETOIT SURHUMAINE PAR SA GRANDEUR, PAR SA RAPIDITE, ET PAR LA NATURE DU PAYS : LE DESORDRE, DE TOUTS LES MAUX LE PLUS CONTAGIEUX, S'ETANT MIS DANS LES TROUPES, L'ADMINISTRATION N'EN PUT PRESERVER SES EMPLOYES. Une de nos plus grandes difficultés étoit la longueur infinie de ces grandes routes, ou désertes ou dévastées par les deux armées, leur nature tantôt sablonneuse tantôt marécageuse ; or l'administration, qui ne peut marcher sans traîner après elle de grands et lourds convois, surmonta une partie de ces obstacles. Remarquons aussi que les corps restés en seconde ligne, tels ceux de Baraguay d'Hilliers et du duc de Bellune, dévoroient la meilleure partie de ces subsistances à mesure qu'elles arrivoient ; que le g[ran]d magazin de Minsk nous fut enlevé, à l'instant où nous allions l'atteindre, par la marche hardie de Tchitchakof ; qu'enfin, le défaut de fourrage, de ferrage à glace, de repos ou de séjours, que LES ALTERNATIVES DE GELEE ET DE DEGEL, LES MOUVEMENTS DE L'ENNEMI, ET LA NEGLIGENCE DE L'ETAT MAJOR, CAUSERENT DES NOS PREMIERS PAS LA PERTE DE LA PLUS PART DE NOS FOURGONS. Les chapitre 7 et 9 du neuvième livre, le chap[itre] 2d du livre dix, indiquent ces causes de nos désastres... » Joint, une lettre autographe signée d'Isabelle d'Orléans.
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