Lot n° 4

[NATALI (Giulio Matteo)]. Disinganno intorno alla guerra di Corsica. In Colonia, e in Trevigi, …

Estimation : 1 500 - 2 000 EUR
Adjudication : 1 531 €
Description
[NATALI (Giulio Matteo)]. Disinganno intorno alla guerra di Corsica. In Colonia, e in Trevigi, 1736. Petit in-8, 110 pp., maroquin olive, dos à nerfs cloisonné et fleuronné avec pièce de titre grenat, triple filet doré encadrant les plats avec fleurons d’angles dorés, coupes filetées, roulette intérieure dorée, tranches dorées ; sans le dernier feuillet blanc (reliure moderne dans le goût de l’époque). ÉDITION PARUE LA MEME ANNEE QUE L’ORIGINALE (imprimée à Rome, mais à l’adresse de Cologne), la seconde de ce libelle paru sous le pseudonyme de Curzio Tulliano. L’ouvrage connaîtrait encore une édition, augmentée, en 1739. UN BRILLANT PLAIDOYER EN APPUI DES CORSES REBELLES AU JOUG GENOIS. Imprimé en concertation avec le chanoine Érasme Orticoni et l’abbé Gregorio Salvini, ce libelle fut introduit clandestinement en Corse et y rencontra un succès immédiat. Giulio-Matteo Salvini y fait le procès de plusieurs siècles de gouvernement génois et justifie la rébellion : s’il reconnaît par précaution la nécessité d’obéir au pouvoir temporel (énoncée par saint Paul dans son épître aux Romains), il s’appuie en revanche sur saint Thomas pour avancer la notion d’exception tyrannique, valide dans le cas où le tyran, poursuivant son seul intérêt, met en danger la survie de tout un peuple. Il démontre ensuite la tyrannie de Gênes, dans les faits et dans le droit : il rappelle que les Corses sont maintenus dans une situation misérable dans une île pourtant riche en ressources, qu’ils sont spoliés et écrasés d’impôts par les Génois selon un véritable système prédateur qui entretient aussi la division et la violence. Il évoque le nivellement de la société corse par une politique qui rabaisse systématiquement les nobles et les notables et les exclut des fonctions et des honneurs. Il démontre enfin l’illégitimité juridique de la tutelle génoise sur une île qui dépendait auparavant de la papauté, et conclut sur un appel à l’union des Corses. UN TEXTE DES LUMIERES. Pour conduire cette réflexion, Giulio Matteo Natali mobilise un arsenal théorique emprunté à la Bible et aux Pères de l’Église, mais aussi, plus discrètement à des philosophes comme Locke, Grotius ou Pufendorf. « Le Disinganno est bien un texte des Lumières : il justifie, contre la notion de droit divin, le droit de résistance des peuples, bien qu’il ne dévoile, dans un souci tactique, qu’une partie de ses bases idéologiques. Luttant contre Gênes, il exprime le souhait d’un alignement de la Corse sur une société européenne «normale», faite d’ordres et de groupes bien différenciés. C’est au nom de cette revendication que bien des notables corses choisiront la France, quand ils seront certains qu’elle veut enfin annexer l’île, et non plus la remettre sous le joug génois. Le Disinganno, texte fondateur de la Révolution corse, peut marquer aussi, paradoxalement, la naissance idéologique de ce «parti français» qui l’abandonnera » (Jean-Marie Arrighi). PAMPHLETAIRE DE LA CAUSE CORSE, GIULIO MATTEO NATALI (1702-1782) était un chanoine du Nebbio qui avait pourtant défendu en 1731 la position modérée de l’obéissance au prince, lors du congrès des théologiens d’Orezza. Il publia au moins deux textes majeurs en défense de la Corse révoltée contre Gênes, et peut-être un troisième dont l’attribution n’est pas complètement assurée – et paya dans sa chair son engagement, ayant fait l’objet d’un attentat au couteau commandité par le Gouvernement génois. D’une grande piété, il fut par la suite entre autres évêque in partibus d’Abdère (1757), coadjuteur du cardinal Albani, puis évêque de Tivoli (1765) et auditeur du cardinal Ferroni. Provenance : Xavier Versini (double ex-libris, soit sa signature p. 11 et ses initiales p. 26).
Partager