Lot n° 25
Sélection Bibliorare

APOLLINAIRE (Guillaume). Calligrammes. Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916). Paris, …

Estimation : 4 000 - 5 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
APOLLINAIRE (Guillaume). Calligrammes. Poèmes de la paix et de la guerre (1913-1916). Paris, Mercure de France, 1918, in-8, bradel de box havane à fines bandes crème, plats de box vert, rose et caramel, sur fond crème évoquant un tissage, couvertures et dos conservés, non rogné (reliure de Leroux, 1981), 206 p. Édition originale. Portrait de l'auteur par Picasso, gravé sur bois par René Jaudon, en frontispice. Exemplaire numéroté sur papier d'édition. Envoi autographe signé à Louis CHADOURNE : A Louis Chadourne son ami Guillaume Apollinaire. Carte postale autographe recto verso signée au même jointe, montée sur onglet dans le volume, 21 août (1918). Au recto une vue de la Place Henri IV à Vannes. Mon très cher ami et camarade, je ne veux pas tarder à vous remercier du très joli article que vous avez écrit sur Calligrammes, il m'a beaucoup touché et beaucoup appris. C'est dire combien je le considère important. Je vous verrai prochainement, j'arrive dimanche matin et j'habiterai chez Serge jusqu'à son retour. J'aurai sans doute l'occasion de vous voir chez lui (...) Recevez, cher ami, les sentiments de Guillaume Apollinaire. Les deux hommes se connaissaient et s'estimaient depuis 1909, année où Apollinaire avait donné des poèmes rhénans à la Voile pourpre, revue alors dirigée par Chadourne. La guerre les avait à nouveau réunis dans de douloureuses circonstances, entre les murs blêmes de l'Hôpital italien et du Val-de-Grâce, où Chadourne tentait vainement de surmonter ses épreuves ; enseveli par un obus en juin 1915 dans les Vosges, porté disparu plusieurs jours, il avait subi un choc dont il ne se remettait pas. Apollinaire lui avait alors offert un exemplaire dédicacé d'Alcools et lui témoignait une admiration littéraire où la compassion entrait pour une moindre part. De la douleur de Chadourne avait jailli un chant pur, grave et profond, peut-être l'un des plus beaux et des plus subtils de la guerre*. La blessure avait fait de lui un autre poète mais elle eut raison de lui. En 1921, il entra en clinique pour ne plus en sortir, se mura dans sa douleur et mourut en mars 1925. L'article de Chadourne, qui approuvait et comprenait l'auteur d'Alcools, fut publié dans L'Europe nouvelle le 17 Août 1918 : «Apollinaire nous offre de la guerre une image presque voluptueuse. Il s'est plu à lui trouver une splendeur et, les pieds dans la boue, les mains transies, il regarde éclore des diamants au firmament nocturne. Dans cette misère, il sait encore se réjouir des formes, des sons et des couleurs. Et ce n'est pas une des moins merveilleuses ressources d'une âme de poète que d'oublier dans un parfum ou une clarté toute la tristesse de vivre. Mais il n'oublie pas la présence autour de lui des hommes et qui souffrent.» *Commémoration d'un mort de printemps, 1917. - Laurence Campa, Guillaume Apollinaire, Gallimard, 2013, pp. 721-722, 734-736.
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