Lot n° 79

[TERREUR BLANCHE DE 1815] Lettre autographe signée d'un militaire, adressée à sa femme, à …

Estimation : 100 - 200 EUR
Adjudication : Invendu
Description
[TERREUR BLANCHE DE 1815] Lettre autographe signée d'un militaire, adressée à sa femme, à Lyon. Montpellier 14 novembre 1815 ; 3 pages in-4, sur un double feuillet, adresse, cachet de cire noire monogrammé. Intéressant récit sur les violences survenues dans le Midi de la France pendant la Terreur blanche orchestrée par les ultraroyalistes, et notamment à Nîmes au moment de la réouverture des temples protestants. En garnison à Montpellier, le dénommé Villain rapporte à son épouse l'événement qui vient de se dérouler [le 12 novembre précédent] tout en la tranquillisant sur son propre sort : « Son Altesse royale Mgr le duc d'Angoulême a ordonné à son passage que le temple des protestants serait ouvert et que ces malheureux opprimés continueraient l'exercice de leur culte comme par le passé… M. le général de Lagarde, qui commande le dpt du Gard, a voulu faire exécuter les intentions du Prince et sur l'avis que la canaille chrétienne s'attroupait pour vexer les protestants, il fit prendre les armes aux militaires ou Garde nationale pour la dissiper et empêcher que l'ordre soit troublé. Il est allé lui-même pour engager les exaltés à rentrer chez eux, mais l'un d'eux s'y étant refusé et ayant accompagné sa désobéissance de propos injurieux, le général indigné courut sur lui le sabre à la main et le poursuivit jusque dans une rue détournée. Là, l'effréné, moteur sans doute du désordre qui aurait pu être suivi d'un massacre, tire un pistolet, ajuste le général, le blesse mortellement et disparaît. […] Du reste, on est fort tranquille, surtout à Montpellier ». Villain poursuit sa lettre en détaillant les dépenses qu'il doit faire, n'ayant pas encore touché sa solde, et ne connaissant pas encore les conditions de son retour à Lyon. Le commandant Lagarde ne fut que blessé lors de cette journée d'émeutes et l'auteur du coup de feu, un nommé Boissin, arrêté quelques mois plus tard. Traduit devant la cour d'assises du Gard, ce dernier fut acquitté en février 1817, ayant plaidé la légitime défense. Quelques jours après, la loi de sûreté générale votée en octobre 1815, qui avait suspendu la liberté individuelle et permis d'emprisonner sans jugement les supposés ennemis de la restauration monarchiste, était abrogée.
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