Lot n° 162

CLERGÉ - RÉVOLUTION Lettre autographe, non signée, adressée à l'abbé de Seyssel, à …

Estimation : 200 - 300 EUR
Adjudication : Invendu
Description
CLERGÉ - RÉVOLUTION Lettre autographe, non signée, adressée à l'abbé de Seyssel, à Münster. 27 août 1797 chez Mde Henen, près la porte d'Auguste ; 3 pages in-12, adresse, petit cachet de cire noire (petites déchirures par bris de cachet). Très intéressante missive sur la soumission du clergé, après la loi du 19 fructidor V qui imposa un nouveau serment républicain aux ecclésiastiques. Le rédacteur de la lettre, probablement un prêtre réfractaire, a fait envoyer à son correspondant, ancien vicaire d'Arras ayant émigré en Allemagne, le mémoire de l'abbé du Voisin [Jean- Baptiste Duvoisin, futur évêque de Nantes] qui devrait avoir autant de succès que celui de l'abbé de La Sépouze puisqu'il a déjà été approuvé par un grand nombre de prélats dont l'archevêque de Reims [Alexandre de Talleyrand-Périgord] et autres personnes de confiance comme le comte de Saint-Priest, même si on ne peut pas attendre une approbation publique. « la prescription n'étant point fondée sur le droit naturel, étant même en soi contraire à la justice naturelle, ne peut être appliquée aux droits des souverains, qu'autant qu'il y aurait eu quelque convention entr'eux ou entre les nations policées, qu'on en eût fait une loi positive, comme la prescription civile n'a de force que par la loi d'un souverain particulier. […] Il faut donc se borner de dire. Que les droits des souverains légitimes, quoique imprescriptibles, peuvent être suspendus, et cela non point par une loi positive, mais par la loi naturelle qui ne permet plus de les exercer lorsqu'on ne pourroit le faire qu'à la ruine de la société pour la conservation de laquelle ils ont été donnés. Cette défense ne peut être connue que par les faits, et s'entendre que moralement. Elle se montre assez clairement lorsque la cause du souverain légitime a été soutenue en vain par une guerre longue et cruelle, et qu'il ne lui reste plus de force suffisante pour ramener son peuple à l'obéissance. C'est alors qu'il doit poser les armes et le laisser vivre sous le gouvernement qu'il a choisi ou auquel il s'est soumis, jusqu'à ce que l'expérience ou le cri de la conscience rappelle ce peuple égaré, sinon tout entier, du moins la grande majorité à son devoir et lui rendent l'énergie nécessaire pour secouer le joug qu'il s'est laissé imposer ». Et en post-scriptum, dans la marge supérieure : « Bonaparte vient de faire enlever d'un coup de filet tous les prêtres français réfugiés dans la République cisalpine et de les faire enfermer dans Mantoue. C'est M. l'évêque de Langres [César- Guillaume de La Luzerne], qui le mande ici à Mde de Montboissier et qui n'a échappé lui-même que par miracle ». En 1795, l'abbé Duvoisin avait fait imprimer en Allemagne son Examen des principes de la Révolution françoise, qui parut à nouveau en 1798 sous le titre « Défense de l'ordre social contre les principes de la Révolution française ».
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