Lot n° 557

Marguerite Eymery, dite RACHILDE (1860-1953). Lettre autographe signée à l'écrivain Ernest …

Estimation : 150 - 200 EUR
Description
Marguerite Eymery, dite RACHILDE (1860-1953). Lettre autographe signée à l'écrivain Ernest Lajeunesse. 4 pp. in-8 sur papier à en-tête du Mercure de France. Paris, le 13 novembre 1908. Enveloppe autographe. Truculente et cynique lettre de Rachilde : « Mais oui, Monsieur Lajeunesse, c'est bien à vous que j'écris cette longue lettre… Et cela pour essayer de vous prouver que je ne vous ai pas trompé ! - (il est certain que si vous lisez tout haut cette phrase elle va produire un drôle d'effet, hein ?). Écoutez-moi et mettez un instant de côté votre insupportable rosserie : je n'ai pas besoin de vous pour un article à l'Académie parce que j'ai tout lieu de croire que je ne dois pas y entrer, je ne tiens pas du tout à votre choix littéraire pour le jour, peu prochain, où l'on me donnera la moitié d'un prix, et, de plus, ou, de moins, comme il vous plaira, je ne veux même pas de votre bonne camaraderie. Cependant, je ne peux pas me faire à cette idée de vous avoir, un seul instant, trompé ! C'est idiot mais c'est tenace comme le serait un remord, si j'étais coupable. […] Et je ne peux pas me moquer de vous l'espace d'un scrupule de conscience, cela m'empêche de dormir, moi, qui un « peu popote », selon votre expression propre, dort si bien. J'ai vécu avec la « Vivante » pendant 15 jours et j'étais heureuse. Mon petit ménage artistique était bien tenu comme tout ! J'époussetais avec amour les mots et les syllabes que j'avais mis sur mon étagère… J'avais découvert le petit pot plein d'idéal et il bouillait, bouillait sur mon feu sans se répandre, sans l'éteindre, avec une bonne odeur d'au-delà… Et puis Gregh arrive (que je ne connaissais pas non plus autrement que de nom) et qui s'écrie « c'est un chef-d'œuvre ! » ça m'a fait comme si on voulait manger ma soupe ! Il avait senti de son côté, sans calcul, sans entente préalable, la bonne odeur d'au-delà […] ».
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