Lot n° 19
Sélection Bibliorare

SADE (Donatien-Alphonse). Justine, ou les Malheurs de la vertu. En Hollande, chez les libraires …

Estimation : 25 000 - 30 000 EUR
Adjudication : Invendu
Description
SADE (Donatien-Alphonse). Justine, ou les Malheurs de la vertu. En Hollande, chez les libraires associés, [i.e. Paris, JacquesGirouard], 1791. 2tomes en un volume in-8, 283-(uneblanche)-(4dont les 2aux versos blanches)-191-(uneblanche)pp., basane brune marbrée, dos lisse cloisonné orné avec pièce de titre rouge, coupes ornées; discrètes restaurations aux mors, coiffes et coins, rousseurs et taches éparses, un feuillet avec manque angulaire restauré (reliure légèrement postérieure). Édition originale, dédiée par le marquis de Sade à sa compagne la comédienne Constance Quesnet. Sans le feuillet d'«Avis de l'éditeur» et d'«Explication du frontispice» qui ne figure que dans de rarissimes exemplaires. Célèbre frontispice gravé sur cuivre par Antoine Carrée d'après le peintre Philippe Chéry, élève de David, représentant la vertu entre la Luxure et l'Irréligion, avec la citation de 2vers extraits de la tragédie Œdipe chez Admète de Jean-François Ducis: «Qui sait, lorsque le Ciel nous frappe de ses coups,/ Si le plus grand malheur n'est pas un bien pour nous?» Premier livre publié par le marquis de Sade, Justine constitue la deuxième version très remaniée d'un conte,LesInfortunes de la Vertu, qu'il avait écrit en 1787 alors qu'il était emprisonné à la Bastille. Dans ce tableau poussant la notion de Providence dans ses derniers retranchements, il s'agissait pour lui de conduire à l'amour de la vertu par une démonstration inversée où le vice prend le dessus. Dans sa longue dédicace programmatique, le marquis de Sade précise: «Le dessein de ce roman (pas si roman que l'on croirait) est nouveau sans doute [...]. Offrir partout le Vice triomphant et la Vertu victime de ses sacrifices, montrer une infortunée errante de malheurs en malheurs, jouet de la scélératesse; plastron de toutes les débauches; en butte aux goûts les plus barbares les plus monstrueux […]; hasarder en un mot les peintures les plus hardies, les situations les plus extraordinaires, les maximes les plus effrayantes, les coups de pinceau les plus énergiques, dans la seule vue d’obtenir de tout cela l’une des plus sublimes leçons de morale que l’homme ait encore reçue; c’était, on en conviendra, parvenir au but par une route peu frayée jusqu’à présent.» L'ouvrage rencontra un grand succès, et plusieurs éditions se succédèrent jusqu'en 1800, épicées de gravures libres.
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