Description
EXPÉDITION D'ÉGYPTE. —MARTIN (Pierre-Dominique). Histoire de l'expédition française en Égypte. Paris, J.-M.Eberhart, 1815. 2volumes in-8, (4)-iv-412 +(4dont les 2aux versos blanches)-320-(2)pp., demi-basane brune marbrée à coins, dos lisses filetés et fleuronnés avec pièces de titre et de tomaison grenat et bordeaux, tranches jaunes (reliure de l'époque). Édition originale. Ingénieur des Ponts-et-Chaussées, Pierre-Dominique Martin (1771-1855) participa à l'expédition d'Égypte et fut membre de l'Institut d'Égypte. Le présent ouvrage se fonde essentiellement sur sa propre expérience en Orient. Plus de 30pages portent des commentaires de la main du comte de Lavalette: t.I, pp.132 à 135, 209 à 211, 219, 221, 226-227, 246, 256, 264-266, 288, 294-297, 302, 306, 315, 317, 318, 337, 388, 391, 392, 412, t.II, p. 9, 15, 16, 131, 136, 137, 306-307. Avec quelques notes d'une autre main (t.I, pp.142-143). Le présent volume a été rogné court à la reliure, ce qui a occasionné une perte de mots manuscrit dans les marges. Sur la bataille navale d'Aboukir (t.I, pp.209 à 211 et 226-227): «J'arrivai à l'es[cadre] d'Aboukir le 1e [r de] thermidor [19juillet 1798] sur la [frégate] l'Arthémise qui a[vai] été chargée d'es[corter] le Grand-Maître Ho[mpesch, de l'Ordre de Malte, après la prise de l'île par Bonaparte] jusqu'aux îles de [Zara] au fond du golfe a[driatique]. J'avais reçu ordre de me rendre ensuite à Corfou et de là [à] Janina auprès d'Aly Pacha qui, heureusement pour moi, [se] battait devant Widdin [dans l'actuelle Bulgarie] contre Passwan-Oglou. En ralliant la f[lotte] à Aboukir, je fus poursuivi par une escadre anglaise qui vint la rec[onnaître] pour la première fois. Je montai à bord de l'Orient et je demandai [à] l'admiral des détails sur sa position et sur ses projets. Voici ce que l'admiral me dit: "J'étais libre de m'en retourner soit à Toulon, soit à C[orfou]... Restez avec nous, ajouta-t-il, [et vou]s serez témoin du combat et j'espère que vous porterez une bonne nouvelle [au] galen chef"...» Sur le général Kléber (t.II, p.131): «Le portrait du général Kléber a de la vérité, c'était effectivement un homme d'un haut mérite militaire et qui était doué de rares qualités de cœur. Mais il avait dans le caractère des singularités qui rendaient difficiles les rapports qu'on avait avec [lui], et dans l'esprit un penchant à la critique et à l'opposition qui [le] faisait redouter. Son âme était élevée mais son esprit avait peu de délicatesse et son langage était d'une grossièreté qui allait jus[qu'au] cynisme. Son accent allemand donnait à ses expressions quelque chose d'original et de piquant dont il connaissait l'effet et [dont] il a souvent abusé. Il n'aimait pas l'empereur mais il lui rendait justice et il se servait, pour peindre sa supériorité sur les autres hommes, d'une image qu'il est impossible de confier au pa[pier]. Sa mort a été un grand malheur pour l'armée d'Orient et même pour la France.» Le comte de lavalette évoque aussi la mort de Sulkowski (t.I, p.256), le siège d'Acre (t.I, pp.294-297, 302, 306), le départ de Bonaparte pour la France (t.I, p. 412), etc. Directeur des Postes sous le Consulat et l'Empire, Antoine-Marie Chamans de Lavalette (1769-1830) avait épousé Émilie de Beauharnais, nièce de l'impératrice Joséphine. Aide de camp de Bonaparte en Égypte, il devint administrateur de la Caisse d'amortissement puis fut fait directeur des Postes (1801-1814). Condamné à mort condamné à mort en 1816 pour son soutien à NapoléonIer durant les Cent Jours, il fut sauvé par une manœuvre audacieuse de son épouse qui prit sa place en prison. Il se réfugia alors en en Bavière auprès du prince Eugène. Gracié, il put rentrer en France en 1822. Provenance: Eugène de Beauharnais, d'après une mention manuscrite jointe écrite à la demande de la duchesse de Leuchtenberg, avec apostille de Michel Hennin (1848), qui fut au service d'Eugène de Beauharnais en Italie puis en Bavière, et fut fait chambellan du roi de Bavière: ces notes indiquent que l'ouvrage était alors, erronément, considéré comme annoté de la main du prince Eugène.