Lot n° 155

CLAUDEL (Paul). Correspondance d'environ 50 lettres et cartes, ainsi que 3 télégrammes, …

Estimation : 1 000 - 1 200 EUR
Adjudication : 1 560 €
Description
CLAUDEL (Paul). Correspondance d'environ 50 lettres et cartes, ainsi que 3 télégrammes, adressée à la comédienne Ève Francis. 1917-1951. Magnifique correspondance amoureuse puis amicale, évoquant notamment leur collaboration au théâtre. UNE DES GRANDES INTERPRETES CLAUDELIENNES, ÈVE FRANCIS (1886-1980), née Éva-Louise François à Bruxelles, fut découverte en 1913 au Théâtre Antoine par Lugné-Poe qui la présenta à paul Claudel. Elle fut choisie pour créer en 1914 le personnage de Sygne de Coûfontaine dans L'Otage. Claudel tomba amoureux d'Ève Francis, mais elle épousa en janvier 1918 l'écrivain et cinéaste Louis Delluc (1890-1924), dont elle se sépara bientôt, mais avec qui elle devint une vedette du cinéma en tournant dans La Fête espagnole, La Femme de nulle part, L'Inondation. Célèbre — Van Dongen fit son portrait en 1919 — elle n'abandonna pas pour autant le théâtre, et demeura une des interprètes préférées de Paul Claudel : elle créa notamment le rôle de Doña Prouhèze dans Le Soulier de satin, lors de sa diffusion radio en 1942. Par ailleurs critique, pédagogue et directrice de théâtre, elle publia ses souvenirs sur Paul Claudel en 1973, Un Autre Claudel. « En face de S. Vincent (îles du Cap-Vert) », 22 janvier 1917 : « Me voici au milieu de mon voyage et de l'Atlantique en vue d'îles aussi stériles et aussi dures que du fer fondu. En face une ligne de pics pareils à des échardes. C'est là q[ue] n[ous] allons faire une escale de q[uel]q[ues] heures, le temps de v[ous] envoyer mon fidèle souvenir : 13e jour depuis q[ue] j[e] v[ous] ai quittée... » — [Brésil], 18 juin 1918 : « ... J'étais un peu triste de n'avoir pas reçu de nouvelles de vous depuis votre mariage, ce qui était d'ailleurs tout naturel. Quant à moi, j'ai été fort malheureux en pensant à vous. Si le cœur pouvait connaître quelque chose de pareil à une rage de dents, ce serait mon cas.. Quand j'étais jeune et dans ma période héroïque, les femmes m'étaient complètement indifférentes. Ensuite j'ai connu quelques années de passion et de possession trop violentes pour ne pas être à la fois aveugles et douloureuses. Ce n'est que plus tard et jusque maintenant, dans cette grande solitude où je suis ici sans autre issue que la prière, que je comprends tout ce qu'il peut entrer d délicatesse, de profondeur, de vivacité, de sacrifice, de suavité et de respect dans les relations que deux êtres humains peuvent avoir l'un à l'égard de l'autre, ce qu'on appelle du beau mot d'amour, ce qui seul vaut la peine de vivre, et ce qui est si beau qu'il mérite d'être le reflet d'une autre amour qui, celui-là, ne sera pas déçu. Il est cruel de penser que les deux seules femmes que j'ai vraiment aimées, et qui, je le crois, m'ont aimé aussi, ont été séparées de moi par le destin et sont en la possession d'autres... Peut-être qu'au fond le bonheur est indigne d'un homme et empêche le travail... Je ne sais si j'aurai le courage de vous revoir quand je reviendrai à Paris, cela me fera trop de peine, et à quoi bon s'exposer à de nouvelles tortures ? [Il évoque ensuite ses ennuis professionnels et sa tristesse à la pensée que la France est ravagée par la guerre.] Je vois que vous n'avez pas élargi le répertoire des poèmes de moi que vous récitez. Pourquoi n'en apprenez-vous pas d'autres ? Par exemple "Le Cantique de la vigne" que vous diriez merveilleusement, j'en suis tout à fait sûr ?... » —— Paul Claudel évoque ses démarches infructueuses pour faire jouer ses pièces en 1919-1920, notamment auprès de Jacques Copeau. —— Paris, 31 août 1921 : « Je délègue à Madame Ève Francis le contrôle artistique sur la représentation de mes œuvres... en province et à Paris. Il est bien entendu qu'aucune représentation de ces œuvres en France ne pourra avoir lieu sans son consentement... » —— Tokyo, 15 décembre 1921 : « ... J'ai quitté Paris dans un de ces accès de sauvagerie qui me prennent quelquefois, avec le désir passionné de disparaître et de tout oublier. Comme je vous plains d'être obligé de vivre dans ce Paris dont l'atmosphère me suffoque comme celle d'un entresol empesté ! J'ai abandonné avec délices toutes mes idées de théâtre, d'Académie, de vie mondaine etc. et je n'ai plus qu'una ambition qui est de travailler seul et à ma guise et de ne plus rien publier avant longtemps... » —— Tokyo, 6 janvier 1922 : « ... Vous auriez l'intention de jouer le P[ère] h[umilié] à L'Œuvre. cela me contrarie beaucoup car L'Œuvre sous sa forme et sans préparation est difficile à défendre. J'avais l'intention d'en écrire pour vous, dès que Le Soulier de satin sera fini, une nouvelle version qui vous aurait plu davantage... » —— Etc. JOINT : CLAUDEL (Paul). 3 lettres autographes signées à son ami l'écrivain Louis Piérard. Brangues en Isère, 1940-1942. Concernant en partie Ève Francis. —— CLAUDEL (
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