Lot n° 197

VOLTAIRE (François-Marie Arouet, dit). Lettre autographe signée «V» [à Claude-Philippe Fyot …

Estimation : 600 - 800 EUR
Adjudication : 2 600 €
Description
VOLTAIRE (François-Marie Arouet, dit). Lettre autographe signée «V» [à Claude-Philippe Fyot de LaMarche]. LesDélices [à Genève], «16juillet» [1762]. 3pp. in-4; petites fentes marginales. «J'ay reçu, mon respectable magistrat, le mémoire que vous avez bien voulu me confier. Je ne veux pas douter que vos arbitres ne fassent rendre ce qui est dû à un père et à un bienfaicteur. Il me paraît qu'entre un père et un fils, summum jus, summa injuria, vous avez pris tous deux le party de la conciliation. Je serais bien étonné si cette affaire ne finissait pas par une soumission de Mrvotre fils à vos volontez et par une transaction amiable entre vous et luy. Il me paraît que la restitution des fruits de l'année 1761, le prix de la coupe des bois, vous appartiennent. J'ignore si Mrvotre fils n'a rien à redemander de ses biens maternels. Votre mémoire n'éclaircit pas cette difficulté, et sans doute vous ne laisserez pas subsister cette source de procez qui pouraient un jour troubler votre famille. Les autres objets de discussion sont peu de chose, et doivent être abandonnez à votre générosité et à la résignation noble et respectueuse de Mrvotre fils. Je me flatte que votre arrangement sera bientôt fait puisqu'il est entre les mains des arbitres les plus éclairez et les plus intègres. Je prévois bien que monsieur votre fils n'ayant pas d'argent comptant à vous donner, vous soufrirez des délais. Que ne pui[s]-je venir à présent avec l'argent à la main entre le père et les fils! Des deniers comptants sont les premiers des arbitres. Peut-être serai-je assez heureux au mois de septembre pour venir vous offrir mes services. Je n'en désespère pas, ce serait pour moy le comble du bonheur de pouvoir vous prouver dans les derniers jours de ma vie combien je vous respecte et je vous aime. Vos médailles sont très joliment gravées, les légendes simples et nobles, l'institution utile et digne de vous. Je vous remercie avec tendresse de ce monument de votre cœur et de votre esprit []. Je me flatte que vous avez toujours auprès de vous madame la marquise de Paumi [Suzanne-Marguerite Fyot de LaMarche, épouse du marquis de Paulmy, Antoine-René de Voyer d'Argenson, fils d'une autre condisciple de Voltaire au lycée Louis-le-Grand, René-Louis de Voyer d'Argenson]. Elle doit vous donner autant de consolation que vous avez éprouvé de chagrin. Je partage l'un et l'autre, du fonds de on cœur. Comptez, je vous en conjure, sur mon respect, sur mon zèle, sur une amitié inviolable...» Ami de toujours de Voltaire, le marquis de LaMarche (1694-1768) avait été son condisciple au lycée Louis-le-Grand aux côtés des frères d'Argenson.
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