Description
Rare scénario complet de cette « grande féerie cinématographique » que Méliès réalisa en 1905.
Le manuscrit est soigneusement rédigé à l'encre noire.
Méliès donne d'abord un « Plan général » en trois parties : « Le prince Sourire, qui est sans fortune, aime la princesse Indigo, fille d'un Radjah, et est aimé d'elle. Il la demande en mariage, mais sa demande est repoussée, car elle est promise à un vieil usurier, fort riche, nommé Sakaram »... Puis il part à la conquête d'un trésor, « dont il s'empare après de nombreuses péripéties ».
À son retour, très riche, il peut épouser la princesse.
Suit la liste des 30 tableaux, dont : « 12. La forêt enchantée, grand décor extraordinaire à transformations multiples. [...] 18. Les spectres, combat fantomatique »... Etc.
Puis « Explication analytique » de chacun des 30 tableaux. Citons le 12e : « Le grand-prêtre amène le prince à l'entrée de la forêt magique. La forêt est impénétrable. Les arbres centenaires, tous les échantillons de la végétation orientale s'entrecroisent dans un fouillis inextricable. Les lianes, entortillées dans les plantes les plus diverses, rendent le passage impossible. Tout à coup, sur l'ordre du grand-prêtre, un miracle inattendu se produit. Les arbres se mettent en mouvement. Successivement, les lianes se déroulent, se désagrègent, les branches s'écartent insensiblement découvrant d'autres plantes entrecroisées qui s'écartent à leur tour. Le grand-prêtre, suivi du prince, s'avance dans la forêt dont les arbres continuent à s'écarter sur leur passage. De vieilles statues bouddhiques en ruines s'effondrent dans le sol, les lianes remontent vers les branches les plus hautes, les animaux féroces, dérangés dans leur repaire, s'éloignent docilement. Enfin, les derniers arbres, en s'écartant, découvrent l'entrée en ruines des caves merveilleuses, à l'entrée desquelles se tient la fée de l'or, d'une belle majesté plastique. Les gardiennes de la forêt rejoignent le grand-prêtre, les amis du prince viennent près de lui, la fée de l'or, tenant un flambeau allumé, ordonne au prince de la suivre. Le prince et ses amis pénètrent dans la caverne. Le grand-prêtre, sa mission terminée, et suivi des gardiennes, traverse de nouveau la forêt dont les arbres se referment successivement sur leur passage.
(Décor comportant un travail considérable de machinerie théâtrale, et d'un fort joli fait artistique). » À la fin, Méliès note : « Longueur totale - 440 mètres (durée de projection environ 27 minutes) » ; et il donne le prix du film en noir (1329 F) et en couleur (1980 F), en précisant : « Coloris, en plus, 1F50 le mètre ».
Sur la dernière page, Méliès a établi un répertoire de son oeuvre : « Principales compositions de G. Méliès », soit 62 films, classés sous quatre rubriques. - Reportages et reconstitutions : Les dernières cartouches (1870). L'Affaire Dreyfus (17 tableaux), etc.
- Pièces théâtrales et musicales : Faust (de Gounod), etc. - Trucs fantastiques : L'homme-orchestre. Le menuet Lilliputien. L'homme à la tête en caoutchouc, etc. - Féeries et voyages extraordinaires : Le Cauchemar. Le Diable au couvent. Le laboratoire de
Méphistophélès. Le Voyage dans la lune, etc.
PROVENANCE : Georges FRANJU (1912-1987) [le cinéaste, un des fondateurs avec
Henri Langlois de la Cinémathèque française (on joint quelques programmes de sa préfiguration Le Cercle du Cinéma), a consacré à Méliès un court métrage Le Grand Méliès (1952) ; envoi de
Georges Franju à sa femme au verso de ma couverture : « De
Méliès à moi de moi à toi je t'aime je t'aime Je t'aime Georges ».