Lot n° 198

MISHIMA Yukio (1925-1970). — L.A.S. « Yukio Mishima », New York 25 décembre 1957, à Tennessee WILLIAMS ; 4 pages in-8 à en-tête de l'Hotel Van Rensselaer.

Estimation : 500 - 600
Adjudication : 14 950 €
Description
Très rare lettre, sur ses rêves déçus de succès théâtral à Broadway.

[En juillet 1957, alors qu'une traduction anglaise des Cinq Nô modernes était publiée chez Knopf, Mishima fut invité aux États-
Unis par son éditeur : il put rencontrer Norman Mailer, Christopher Isherwood et Tennessee Williams, mais constata également que sa notoriété n'était pas aussi importante qu'il l'avait espéré. Il se laissa convaincre de voir monter une pièce de lui à Broadway, par des semi-amateurs qui se proposaient de condenser trois de ses oeuvres. Cependant la distribution traîna en longueur, le financement se fit désirer, et Mishima indisposa l'équipe en posant des exigences concernant la mise en scène. À court d'argent il abandonna ses rêves et partit le 1er janvier 1958 pour l'Europe (Madrid, Rome, Athènes) avant de regagner le Japon le 14 janvier.]
Il dit au revoir à son cher Tennesse, ayant soudain pris la décision de partir et de retourner au Japon par l'Europe, en raison du report inattendu de sa pièce. Durant son séjour, la chaleureuse et douce amitié de Williams l'a beaucoup réconforté et quelquefois encouragé. Le plus grand plaisir qu'il ati eu à New York, c'est de l'avoir connu personnellement. Il regrette cependant de n'avoir pu voir sa nouvelle pièce qui débutera après son départ. Il a entendu parler par John Goodwin de l'histoire de Soudain l'été dernier..., qui lui a rappel une nouvelle japonaise du 18e siècle, intitulée Le turban bleu, dans le recueil de nouvelles Ugetsu monogatari d'Akinari Ueda. Le thème en est très familier de la nouvelle pièce de Williams. C'est l'histoire d'un prêtre de haut rang qui vivait au sommet d'une montagne. Il aimait tellement un jeune disciple qu'après la mort du jeune garçon il mangea le cadavre du garçon en entier sauf les os. Mais il craint que ce ne soit trop difficile à traduire en anglais, parce que c'est écrit dans un style archaïque... « I have to say good-bye, since I suddenly made up my mind to leave here and go back to Japan through Europe because of unexpected postponement of my play. While I've been staying here, your warm and sweet friendship comforted and sometimes encouraged me very much. It is my gretatest pleasure I've had in New York that I should know you personally. One thing regrettable is I couldn't see your new play which will start after my leaving.
Recently I've heard about the story of Suddenly last summer..., from John Goodwin, then I recalled a famous japanese short-story written in 18. century. The title is The Blue Turban (AO-ZUKIN), the author is Akinari Ueda whose collection of short stories called
UGETSU MONOGATARI includes this one. I am not sure you have its English translation or not, but if you get it, you would find very familiar theme to your new play. It is the story of a high priest who lived on a top of a moutain. He loved so much a young disciple that, after sudden death of the young boy, he ate boy's corpse completely but only bones. But I'm afraid it would be too difficult to translate in English, because it is written in so old aesthetic style »...
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