Lot n° 82

François-René de CHATEAUBRIAND (1768-1848) — Copie de lettre avec 2 lignes autographes, [Londres] 25 octobre 1799, à Louis de FONTANES ; la lettre est de la main de Céleste de CHATEAUBRIAND

Estimation : 700 - 800 €
Adjudication : 1 750 €
Description
2 pages grand in-fol. (portrait joint) Belle et longue lettre au sujet du Génie du christianisme.
En tête de cette copie faite par sa femme, Chateaubriand a noté de sa main : « Cette lettre qui n’est pas de mon écriture est le double d’une autre que je vous ai envoyée par H. [Hambourg] J’espère que la présente copie, ou l’original vous parviendra ». [L’original a été retrouvé dans les papiers de Sainte-Beuve, coll. Lovenjoul, Bibliothèque de l’Institut.]
Chateaubriand dit toute l’affection qu’il ressent pour Fontanes : « Votre souvenir est un de ceux qui m’attendrit davantage parce que vous êtes selon les choses de mon cœur et selon l’idée que je m’étois faite de l’homme à grandes espérances. Mon cher ami, si vous ne faisiez que des vers comme Racine, si vous n’étiez pas bon par excellence comme vous l’êtes, je vous admirerois, mais vous ne posséderiez pas toutes mes pensées comme aujourd’hui, et mes vœux pour votre bonheur ne seroient pas si constamment attachés à mon admiration pour votre beau génie »…
Puis il évoque avec tristesse la mort de sa sœur Julie de FARCY : « Je viens encore de perdre une sœur que j’aimois tendrement et qui est morte de chagrin dans le lieu d’indigence où l’avait reléguée celui qui frappe souvent ses serviteurs, pour les éprouver et les récompenser dans une autre vie. Oui, mon cher ami, vous et moi sommes convaincus qu’il y a une autre vie »…. Il dirige toutes ses pensées vers Dieu : « Je dirigerai le peu de forces qu’il m’a données vers sa gloire, certain que je suis, que là gît la souveraine beauté et le souverain génie ; là où est un Dieu immense qui fait cingler les étoiles sur la mer des cieux, comme une flotte magnifique, et qui a placé le cœur de l’honnête homme dans un fort inaccessible aux méchans ». Il parle ensuite de l’ouvrage auquel il travaille [Génie du christianisme], dont il cite deux longs passages sur les tombeaux chrétiens, puis sur les tombeaux de Saint-Denis… Le livre s’intitulera : Des beautés poëtiques et morales de la Religion chrétienne et de sa supériorité sur tous les autres cultes de la terre. « Il formera 2 vol. in-8° 350 pages chaque ».
Il s’inquiète du sort de Fontanes, indique comment lui faire parvenir les lettres, et termine : « Adieu que toutes les bénédictions du ciel soient sur vous. Puissé-je vous embrasser encore avant de mourir ».
Correspondance générale, t. I, n° 45, p. 97-100.
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