Lot n° 114

Fernand FLEURET — MANUSCRIT autographe, Le Douanier Rousseau

Estimation : 400 - 500 €
Adjudication : Invendu
Description
4 pages in-4. Intéressants souvenirs sur le Douanier Rousseau.
Fleuret commence par rappeler que la célébrité de Rousseau ne fut pas générale, en 1905. « C’était le temps où Georges Courteline l’avait fait figurer dans son Musée des Horreurs, bien que le pauvre ne méritât pas plus cet excès d’indignité que vingt ans après un tel excès d’honneur ». On se moquait encore des mélodrames et des romans d’aventures qu’il écrivait. Fleuret raconte une visite de Rousseau au Louvre, telle que Raoul Dufy la lui décrivit, et sa réaction devant les Primitifs : « Vois-tu petit, ces gens dans les ténèbres du moyen âge ne savaient pas dessiner. Leur couleur me plaît assez, pourtant ce n’est pas ça ! ». Il s’extasia devant un Detaille... Fleuret raconte ensuite comment il connut Rousseau, lors d’une exposition des Indépendants. Il décrit son visage, sa voix, la petite toile qu’il exposait (« la Liberté des bonnes gens »), et la réaction du peintre lorsque Charles-Louis Philippe lui dit que Leconte de Lisle avait jugé que l’auteur du tableau était « un vieux c.. », et l’altercation du Douanier avec Charles Morice... Enfin il évoque les soirées chez Othon-Friesz, que Rousseau fréquentait, et la surprise que manifesta un de ses amis d’enfance d’apprendre les légendes qui entouraient le peintre. Il rapporte les explications confuses données par Rousseau concernant sa participation à la guerre du Mexique, et sa carrière de douanier : « C’est-à-dire, fit Rousseau, dont les yeux laissaient perler des larmes, que j’étais employé aux écritures à la douane de Bercy. Comme c’est trop long à expliquer aux gens, alors j’ai dit que j’avais été douanier. Et puis, tu ne comprends pas que ça fait mieux ? »... Enfin il évoque sa mystérieuse rencontre avec Rousseau, trois jours après qu’on l’eut enterré...
Ce texte a été recueilli dans La Boîte à perruque (Les Écrivains Associés Éditeurs, 1935, p. 40-50).
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