Lot n° 201

Joseph ROUMANILLE (1818-1891) — L.A.S. « J.R. », Avignon 10 novembre 1878, [à Victor Hugo]

Estimation : 700 - 800 €
Adjudication : 1 625 €
Description
4 pages in-8 remplies d’une écriture très serrée, à son en-tête J. Roumanille, Libraire-éditeur, Avignon. Longue lettre à Victor Hugo sur le Félibrige.
Roumanille dénonce notamment les manœuvres de son « cher ennemi » Aubanel, qui vient de faire à Paris un discours dans lequel il l’attaque ouvertement : « il ne veut pas que, dès 1835, et, un peu plus tard, en 1846-47, j’aie ouvert une voie nouvelle à la Muse, que j’aie fait, un peu plus tard, un appel aux Muses les plus jeunes »... Il rappelle ses publications des Provençales, des Nouvè, de l’Armana prouvençau en 1854... Il déplore les dissensions amenées par quelques « jeunes mécontents affamés » qui habillent de mauvais provençal « les idées qui ont cours parmi les parnassiens parnassants les plus audacieux, les plus outrés »... Il rapporte les réactions indignées de Mistral qui avait formellement interdit à Aubanel de « parler au nom des félibres.
Ce qui n’a pas empêché Aubanel de protester tant et si bien qu’il a fait « accourir ici le grand chef Calendal [Mistral] en personne. Faut-il, grands dieux, qu’il y ait péril en la demeure pour que le Capoulié se dérange ainsi ! »… Cela vire au comique et Roumanille en rit de tout cœur, mais « notre incandescent révolutionnaire pourrait bien en pleurer »… Mistral cependant a très bien compris et prend la chose au sérieux, car « tout l’olympe félibren va trembler »… « Comme toutes ces petitesses amusent mes soixante ans sonnés ! […] Assurément les débuts du grenadier, que j’estime quand même, à qui je pardonne, que je voudrais pouvoir calmer, adoucir, ramener, n’annonçaient pas de telles batailles ! »… Il craint que le mal soit trop profond pour être guérissable, c’est à Calendal d’aviser. …« Me voilà enterré vivant, […]. Je ne suis même pas une date, c’est Mistral qui, en 1835, commença à purifier, à reconstituer, à orthographier la langue »… Sous peu, ce sera Aubanel « qui aura inauguré notre renaissance, par la publication de sa Vénus d’Arles »…
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