Lot n° 96

SENANCOUR (Etienne Pivert de) — Né à Paris. 1770-1846. Écrivain pré-romantique. Auteur d’Obermann. L.A.S. « Senancour » à ABEL LEDOUX, SON ÉDITEUR. S.l.n.d. [1833]. 1 p. in-8. (feuillet légèrement pâli en bas à gauche).

Estimation : 500 - 600 €
Description
RARE ET BELLE LETTRE DE SENANCOUR À L'ATTENTION DE GEORGE SAND SUITE À UN ARTICLE :
...Les Deux Mondes [la Revue des deux mondes dans laquelle écrivait George Sand] me sont témoins de ma reconnaissance en qualité d'éditeur d'Obermann pour une main qu'à bon et double titre peut être nommée très gracieuse et qui a si obligeamment et d'un ton si ferme interrompu par malheur quelque page de Lélia [publ. Chez Dupuy en 1833] pour contribuer à donner à Obermann dans sa solitude des amis d'un heureux choix. Au moment de sortir je n'ai pu que parcourir cet article remarquable (...). Personnellement inconnu de l'auteur de ce morceau je suppose que M. Ledoux aura la complaisance de faire agréer mes salutations empressées et je dirai sans beaucoup (?) d'indiscrétion mes hommages la renommée ayant je crois cité avec prédilection vers l'Ohio une très aimable cacique du nom de Georges (sic)... Senancour appartient à la même génération que Chateaubriand ou Madame de Staël qui ont connu l'Ancien Régime et la Révolution. Passionné de Jean-Jacques Rousseau, il publie en 1799 « Rêveries sur la nature primitive de l'homme », puis en 1804, « Oberman » [« Oberman, Lettres publiées... par M. Sénancour, chez Cérioux libraire quai Voltaire »]. L'écrivain semble avoir été la victime d'une malchance qui l'a poursuivi longtemps. Inconnu jusqu'au jour où dans les années 1830, Sainte-Beuve, George Sand, et Liszt le découvrirent. Son roman Oberman accueilli avec indifférence en 1804, remporte un véritable succès après la publication d'articles de Sainte-Beuve et sa préface à la réédition de 1833 [chez Abel Ledoux éditeur à Paris, l'auteur en « germanise » le nom en rajoutant un « n » à Oberman], puis ceux de George Sand (qui rédige la préface à une troisième édition du vivant de l'auteur, en 1840). Senancour fut un peu dérouté par ces amitiés romantiques. Liszt, qui l'admirait, intitula Vallée d'Obermann l'une des pages des années de pèlerinage (la Suisse). Considéré comme un maître par Nerval, Balzac ou encore Proust qui le lisait sans relâche, Senancour est un auteur qui a marqué les prémices du romantisme français.
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