Lot n° 272

[REVUE - HOMOSEXUALITÉ]. — Inversions… dans l'art, la littérature, l'histoire, la philosophie et la science. — Paris, 15 décembre 1924-1er mars 1925. — 2 fascicules in-4, en feuilles.

Estimation : 600 - 800
Adjudication : 1 264 €
Description
Ensemble des numéros 2 et 4 sur les quatre parus sous ce titre de cette rarissime revue homosexuelle, la seconde du genre en France, après celle créée par l'écrivain Jacques d'Adelswärd-Fersen en 1909 sous le titre « Akademos ».
« Inversions » fut créée 15 ans après cette dernière par deux modestes employés d'un même village du Gers, Gustave-Léon Beyria, Gaston-Ernest Lestrade, âgés alors de moins de trente ans. Le premier numéro ayant paru le 15 novembre 1924.

Les rédacteurs n'évoluaient pas au sein des cercles littéraires parisiens, mais ils ont réussi cependant à rassembler des contributions de certains des plus ardents défenseurs des droits des homosexuels, dont de nombreux ont écrit sous des pseudonymes, comme Numa Praetorius (i.e. Daniel Eugène Wilhelm (1866-1951)), St. Ch. Waldecke (i.e. Ewald Tscheck (1895-1953)), Louis Estève, Willy (1859-1931), Georges Pioch (1874-1953), Claude Cahun (1894-1954), Georges d'Autry, Axieros (i.e. Pierre Guyolot-Dubasty (1898-1927)), Marcel Dartus, Havelock Ellis (1859-1939) et Camille Spiess (1878-1965).

Quatre numéros du magazine ont été publiés avant que des plaintes officielles ne soient déposées à propos de son contenu (un critique l'a qualifié de « revue officielle de pédérastie, qui affichait sans ambiguïté son programme ignoble »), ce qui a conduit à des poursuites judiciaires. En avril 1925, le magazine a changé de nom pour devenir « L'Amitié » afin d'éviter des poursuites. Un seul numéro parut sous ce nouveau titre et les responsables ont finalement été reconnus coupables d' « outrage aux bonnes mœurs et de propagation de méthodes anticonceptionnelles », entraînant l'emprisonnement des deux rédacteurs pendant trois mois.

« Il faudra attendre 1952 et la revue “Futur” pour que, de nouveau, les homosexuels puissent s'exprimer dans un périodique » (Michel Carassou).
Les exemplaires de cette revue sont aujourd'hui très rares du fait notamment de l'utilisation d'un papier de mauvaise qualité qui rendait la publication fragile. Ces deux numéros sont très bien conservés, n'ayant que quelques déchirures aux dos, et deux traces de pliures horizontales.
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