Lot n° 21

[ANONYME]. Thérèse philosophe, ou mémoires pour servir à l'histoire de D. Dirrag et de Mlle Eradice, avec l'histoire de Mme de Bois-Laurier. Nouvelle édition avec figures. Très rare édition pirate de ce grand œuvre libertin, production type...

Estimation : 400 - 600
Description
du siècle des lumières, et considéré comme l'un des premiers romans pornographiques en langue française. Au Bazar, s.n., 1797. 2 vol. in-16 (13 × 9 cm), plein veau, plats encadrés d'un triple filet doré, dos lisse orné de fleurons, tranches dorées (reliure de l'époque). Coins usés, mors épidermés, autrement jolies reliures. À l'intérieur, après des gardes en papier marbré de l'époque, on trouvera dans le t.I aux ff. 7-8 et 9-10 le coin supérieur…. brûlé (!) et le f. 107-108 monté sur onglet. Rousseurs. Ouvrage illustré de 19 (sur 20) figures hors texte anonymes gravées à la manière noire, par Elluin d'après Borel nous dit Cohen. Très rare contrefaçon, à la date de 1797, de l'édition Cazin de 1785 (Cohen-409). La « Thérèse philosophe », ouvrage mythique dans sa catégorie, paru pour la première fois en 1748, est considéré comme l'un des premiers romans pornographiques en langue française. Paru de manière anonyme, son attribution a toujours été contestée mais hypothétiquement attribuée à deux auteurs qui s'en disputent la parenté : Jean-Baptiste Boyer d'Argens - c'est la thèse défendue par Sade - (fervent pourfendeur du christianisme, protégé du roi de Prusse, et auteur notamment des « Lettres juives ») et François-Xavier d'Arles de Montigny (« commissaire des guerres, aventurier, joueur & escroc »). Notre exemplaire porte d'ailleurs une mention manuscrite en page de titre du t.I optant pour cette dernière attribution. L'intrigue de ce roman est tirée d'un fait divers advenu en l'an de grâce 1731, « qui passionna la France et prit valeur de symbole au sein des querelles religieuses et anticléricales ». En 1728 à Toulon, une jeune mystique de 18 ans prénommée Catherine Cadière fait la rencontre du P. Girard, jésuite, qui devient son confesseur. Ce dernier, passionné par le cas spirituel de la jeune femme - qui présente des stigmates, souffre de visions, de convulsions, ne vit que pour la Sainteté - semble s'être également passionné pour son cas très terrestre. Le procès d'Aix-en-Provence en 1731 fera mention de viols, d'attouchements, d'avortement, de sorcellerie, de magie, etc. et fera le chou-gras des anticléricaux et des Lumières, jusqu'à Voltaire dans son poème de « La Pucelle d'Orléans », paru en 1752. Il est à noter que le nom des deux personnages de notre roman (Dirrag et Eradice) est une anagramme des noms des deux protagonistes de l'histoire réelle (Girard et Cadière). L'exemplaire de la BNF porte la cote « ENFER-140 »... grrr.
Partager