joint avec sa traduction autographe d’époque en français, 4 pages in-folio (23 x 36,5 cm).
Le 29 mars 1848 au Mont-Liban. Exceptionnel document historique et inédit transmis par les plus hauts dignitaires du Mont Liban pour demander à la France de lui venir en aide.
Parmi les 123 signataires de cette lettre manuscrite, nous trouvons le Vicaire Patriarcal Maronite de Tyr et Sidon, l’Evêque Grec Melkite, les supérieurs des couvents Maronites du Chouf et du Sud Liban, ainsi que les grands Curés des paroisses du Liban méridional. Le texte ci-dessous fait référence à une autre supplique, écrite en 1844 par les familles notables libanaises au Roi Louis-Philippe Ier et qui demeura vaine.
Ce nouveau cri d’appel fait suite aux nombreux massacres commis dans la région et fait référence aux liens ancestraux qui unissent la France au Liban. Afin de conserver l’originalité du texte dans son intégralité seule une partie est ici reproduite : « Après avoir offert à votre excellence l’abondance des bénédictions divines, ainsi que les prières que nous adressons sans cesse au ciel, afin qu’il conserve vos jours précieux et continue de répandre sur vous, ses faveurs les plus abondantes, vœux, qui sont pour un devoir et une obligation, nous, habitants des localités mixtes du Mont Liban et amis intimes du peuple français, avons l’honneur d’exposer ce qui suit : Il n’est pas douteux que les Français, peuple bon et humain par excellence, n’aient été choisis de Dieu pour être les protecteurs et les défenseurs des Nations opprimées et en particulier de celles qui, comme la nôtre, leur étant attachées par les liens de sang et la communauté de religion, se sont placés sous leur puissant et victorieux étendard et vivent depuis de longs siècles à l’ombre de sa haute protection. Comme la divine providence suscite à chaque époque, et dans chaque siècle, les pasteurs et les chefs qui conviennent au gouvernement et à la dévotion des peuples, nous sommes persuadés que vous avez été spécialement choisi de Dieu pour être l’un de ces chefs, car vous êtes orné de toutes sortes de bonnes qualités, vos vues sont droites, vous ne voulez en tout que le bien de l’humanité et votre cœur brûle du zèle le plus louable pour la délivrance des opprimés, le triomphe de la justice et du droit. En conséquence nous que des rapports antérieurs lient à vous d’une manière particulière, nous qui avons droit plus que tous les autres, à éprouver les effets de votre amour pour les hommes, nous nous félicitons de la faveur insigne que le ciel nous a accordée en vous mettant au rang des ministres du peuple français… Nous avons maintenant l’espoir fondé d’être bientôt délivrés de nos maux, de jouir de la douceur de la paix, objet de tous nos vœux, de voir la fin de la persécution et des injustices auxquelles nous sommes sans cesse exposées et de ne plus avoir à craindre continuellement pour nous, pour nos enfants et nos biens, d’être enfin mis à l’abri des dangers qui nous menacent à chaque instant, et des maux qui nous entourent… … et comme nous sommes nous-mêmes dans l’impossibilité absolue, de rien faire de ce que nous réclamons de votre générosité, du moins, nous ferons un devoir, nous et nos enfants d’adresser chaque jour au ciel des prières servantes pour votre bonheur, en terminant, nous vous diront comme nouvelle que la nation barbare des druzes vient de se procurer des armes et des munitions, nous ne savons dans quel but. Nous espérons de votre sollicitude et de votre humanité que vous n’abandonnerez pas une nation qui s’est mise pour toujours sous votre protection particulière et qui a une pleine confiance dans la générosité du peuple Français, peuple connu pour sa sympathie pour ceux qui gémissent sous l’oppression et la tyrannie. Nous prions le souverain Créateur (soit-il béni est loué !) qu’il réalise tous vos louables desseins, bénisse toutes vos entreprises, protège votre personne, et seconde tous les projets du fortuné peuple français. Que la bénédiction du ciel se multiplie sur vous et que vos jours s’écoulent dans la gloire et la prospérité. Écrit le 29 mars 1848 (suivant les Signatures et les cachets tenant lieu de Signatures au nombre de cent vingt trois 123) ». Dans ses récits de voyages, Lamartine écrivait à propos des libanais « Ce peuple chrétien des montagnes est lié à la France par la foi, par l’histoire et par le cœur », il fit entendre leur voix, et grâce à l'intervention française en 1860, des milliers de vies furent sauvées.
