Lot n° 341

NADAR Félix Tournachon, dit (1820-1910). L.A.S., à un ami [Philippe GILLE, journaliste au Figaro] ; 2 pages in-8. Très belle lettre sur le projet de ses mémoires et «la mise en volume des Notes au crayon. Ce que je trouverais là est...

Estimation : 600 - 800
Adjudication : 280 €
Description
plus que médiocre et pourtant je suis si bien en dehors de ces choses depuis nombre d'années que je crains de laisser perdre même cela. D'autre part aussi je crains très fort aussi que tu sois puni d'un bon mouvement de ta part à mon endroit, en étant poussé par moi, plus vite que ta convenance, à donner suite et fin»... Il est débordé : «Je suis littéralement et de plus en plus écrasé par une foule de devoirs, non étrangers, certes, mais en dehors de mes propres ennuis personnels. Il y a des moments où, malgré toute la peine acharnée que nous nous donnons, nous avons la berlue et n'y voyons plus clair... Mon vieil ami PORÉE, le marchand d'habits normand, qui a tant aidé notre bande d'autrefois, MURGER, BAUDELAIRE, Fauchery et moi donc ! disait que j'aurais passé une moitié de ma vie à payer les dettes des autres, et l'autre à ne pas payer les miennes. Je crains finalement, malgré tant de mal, de ne pas mieux réussir à l'un qu'à l'autre. Et pourtant je ne puis désespérer. Je veux et je me cramponne, et encore quelle brave, vaillante et précieuse collaboration j'ai dans ma femme, sans laquelle j'aurais depuis bien des années, quarante pieds d'eau, de terre ou de merde sur la tête. Résumé : Si tu peux, sans trop te déranger, voir au plus tôt le libraire C. dont tu me parlais hier, tu apaiseras une part de ce qui nous trouble, et tu auras bien fait deux fois si tu complètes ton oeuvre en basant toi-même les conditions de l'arrangement. Je suis là plus incapable encore qu'ailleurs et que tu ne peux croire, doutant de tout, surtout de moi»...
Partager