Lot n° 378

MASSENET Jules (1842-1912). 22 L.A.S. «Jules Massenet» ou «Jules» ou L.A., [mai-juillet 1866], à Mme Caroline ORRY DE SAINTE-MARIE ; 68 pages in-8 remplies d'une petite écriture, 2 adresses. Très belle correspondance du jeune...

Estimation : 3000 - 4000
Adjudication : 1 000 €
Description
musicien amoureux à sa future belle-mère. Nous ne pouvons donner ici qu'un rapide aperçu de ces longues lettres, écrites parfois à plusieurs heures de la journée,où Massenet s'adresse autant à Ninon, sa future femme (qu'il épousera le 6 octobre 1866), qu'à sa mère, qu'il doit «convaincre de ses sentiments envers Ninon et de ses aptitudes à pouvoir l'épouser. Dans ses lettres qui méritent d'être largement citées tant il se livrera peu par la suite, Massenet évoque ses activités, ses projets et confie, comme dans un journal intime, ses états d'âme, ses impressions aussi fugaces que profondes, mais également ses doutes ou interrogations sur un futur malgré tout encore incertain sur un plan professionnel et personnel» (Jean-Christophe Branger, Jules Massenet, Fayard 2024, p.104 ; et voir p. 103-129). Massenet évoque les moments heureux passés en compagnie de Ninon et de sa mère, à Fontainebleau et à Saint-Leu Taverny, et sa tristesse quand il les quitte : «avant de m'habiller je veux vous dire que je suis une âme en peine !!! J'ai pourtant écrit l'air bouffe de mon ténor»... Il raconte les soirées musicales passées chez Édouard Rodrigues ou chez les Américains Moulton, où il tient le piano : «lecture du Requiem de Cherubini avec le Maestro Rodrigues. Sans plaisanterie c'est une oeuvre au-dessus de toute idée. Il faut que je fasse connaître cette merveille à Ninon. [...] À minuit j'étais dans ma chambre au château [...] comme je pensais à vous ! et que de baisers vous auriez dû entendre frapper à votre porte, si le vent qui agitait les arbres du parc avait su les diriger du côté de la maisonnette aux volets verts. Que j'étais seul dans cette solitude... jamais je n'ai vu, je n'ai mieux compris l'avenir»... Il raconte l'élection de GOUNOD à l'Institut. Il travaille à son opéra-comique La Grand'Tante : «je refais encore l'air de Guy dont je suis mécontent. J'ai en moi le sentiment de la scène, je le sens, et le musicien veut trop se mettre en avant. Pourtant je crois que j'arriverai à comprendre mon métier. Pour cela il faudrait que je sois souvent au théâtre, avec les artistes, et ce monde me déplaît»... ; il le fait entendre à son maître Ambroise THOMAS, qui l'apprécie... Il travaille également à une marche pour orchestre, Le Retour d'une caravane : «Je vais écrire ma marche et moyennant un peu de ouate dans les deux oreilles. J'instrumenterai à merveille et, en dépit de tous les concertos, et les fugues ! Cette expérience m'a déjà réussi fort souvent. D'ailleurs, j'entends même mieux ce que j'écris, me servant très rarement du piano je devrais dire jamais pour instrumenter»... «J'ai le coeur épanoui de bonheur, je sens qu'avec cette tranquillité que votre affection sérieuse me donne, j'ai bien plus de courage pour travailler heureusement. Je ne rêve que chant, mélodie, théâtre... Je me trouve avoir fait des progrès depuis que mes doutes sur ce bien-aimé mariage se dissipent. Je me fais homme, et artiste»... Etc. On joint un manuscrit autographe, intéressantes notes (7 pages in-8, en partie à l'encre rouge) concernant les corrections de la partition d'Hérodiade.
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