Lot n° 405

BARBEY D'AUREVILLY Jules (1808-1889). L.A.S. «Jules Barbey d'Aurevilly», [Paris] Villa de Beauséjour 28 août 1844, à Guillaume-Stanislas TRÉBUTIEN ; 4 pages in-8. Belle lettre littéraire à son ami intime. Barbey parle d'abord...

Estimation : 1000 - 1500
Adjudication : 900 €
Description
de ses articles sur Frédéric HURTER qui vont certainement être pris par BERTIN (directeur du Journal des Débats). Il dit sa lassitude face à la difficulté de placer des articles dans les différentes revues : «Je suis lassé quoique mon âme ne manque pas de fermeté, mais la patience n'est pas une vertu à hauteur de main humaine. Pour être Patient, il faut être Éternel. Je ne le suis pas ; j'ai soif de mon jour et la vie m'est bien dure. J'avais résolu d'en finir, mais d'en finir, entendons-nous ; en homme qui veut tenter le sort par un autre côté, si je ne parvenais pas à sortir du cercle vicieux, comme vous dites si bien, dans lequel je suis depuis trop longtemps enfermé. [...] Qu'il vous suffise de savoir que j'en ai assez de la vie sans résultat que j'ai menée et que je ne me crois pas fait de la substance de ceux que le sort égorge obscurément derrière une porte. Il faut avoir dix-huit ans pour se tuer comme Escousse. Si je vous envoyais mes memoranda de ces quelques dernières années, vous verriez que peut-être j'ai le droit de me coucher dans ma fosse, mais j'ai encore des curiosités de vivre et des facultés de combat au service de la Destinée. [...] La prévoyance est une vertu normande, et nous sommes Normands. Ne lisez à personne qu'au Poëte le Brummel avant qu'il soit publié. Je m'occupe d'un travail pour la Revue des deux mondes où ils disent tout haut avoir des réparations à me faire. Il faut profiter de la position fausse qu'ils se sont faite vis-à-vis de moi. C'est de l'histoire et de la politique rattachées aux questions actuelles que ce travail [...] Vous qui êtes mon fourrageur de faits, mon érudit attitré, pensez à m'indiquer des documents sur la fameuse Lady Hamilton. C'est encore une faiblesse, une indigne faiblesse de cette plume qui doit devenir de fer, que la fantaisie d'un pareil sujet, mais je ne puis m'empêcher d'y penser et de vouloir l'écrire. J'en aurai le coeur net un de ces matins»... Il termine : «Rien n'est perdu pour les âmes pairesses entre elles. Ceux qui se ressemblent, se comprennent. À la vie et à la mort»... Correspondance générale, t. I, p. 178-180.
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