Lot n° 27
Sélection Bibliorare

CATHERINE D’ARAGON (1487-1536) Reine d’Angleterre ; Infante de Castille et d’Aragon, fille cadette de Ferdinand et d’Isabelle, les Rois Catholiques, elle épousa en 1501 Arthur Tudor prince de Galles (†1502), puis en 1509 son frère Henry...

Estimation : 35 000 / 40 000
Adjudication : 55 000 €
Description
VIII, qui la répudia en 1533 et fit annuler son mariage.Lettre autographe signée « Katherina », Windsor 3 octobre [1529], au « cardinal de Santa Cruz » [Francisco de Quiñones, cardinal de Santa Croce] ; 1 page in-fol., avec adresse autographe au verso ; en espagnol ; montée sur onglet sur papier vélin fort, avec transcription et traduction anglaise calligraphiées, en un volume in-fol. relié plein maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats avec titre en lettres dorées sur le plat sup., dos orné de même, large dentelle intérieure dorée (Sancorski & Sutcliffe, London).Rarissime et importante lettre historique relative au divorce de Catherine d’Aragon et de Henry VIII. Catherine d’Aragon s’adresse ici à son compatriote le cardinal de Santa Croce, pour lui demander de soutenir sa cause auprès du Pape. [Henry VIII s’étant épris d’une des dames d’honneur de Catherine, Anne Boleyn, qui exigeait le mariage pour lui appartenir, décida de répudier Catherine d’Aragon sous le fallacieux prétexte de scrupules relatifs à la légitimité de son union avec la veuve de son frère aîné, mort à seize ans. Il lui reprochait aussi de ne pas avoir été vierge lors de son mariage (ce qui était faux, le premier mariage n’ayant pas été consommé). Le Pape Clément VII avait nommé les cardinaux Wolsey et Campeggio légats pour examiner la cause. Ils essayèrent, en vain, d’obtenir de Catherine qu’elle consentît d’elle-même à l’annulation, mais ceci aurait entraîné immédiatement l’illégitimité de sa fille Mary Tudor. La Reine refusa. À la séance publique du 31 mai 1529, devant les légats, sa protestation fit une telle impression que Henry VIII dut retirer ses griefs personnels contre la Reine. Les deux cardinaux, sur l’ordre du Pape, retardaient leur décision, et Henry VIII, poussé par Anne Boleyn et conseillé par Thomas Cromwell, se prépara à faire juger la cause par un tribunal ecclésiastique anglais. Catherine s’adressa alors directement au Pape, pour lui faire savoir qu’un jugement rendu en Angleterre serait, à coup sûr, au gré du Roi (Thomas Wolsey, quelques jours après cette lettre, paya par la disgrâce ses atermoiements). C’est à la suite de cet appel que le Pape, qui ne voulait, ni ne pouvait désobéir à l’Empereur Charles Quint, naturel défenseur de sa tante Catherine d’Aragon, évoqua la cause à son propre tribunal et somma le Roi d’Angleterre de comparaître à Rome. Ce divorce, non reconnu par le Pape, amena Henry VIII à se séparer de Rome, et à fonder l’Église Anglicane, dont désormais le Roi est le représentant.]« Illustre et révérendissime Seigneur, je ne sais que dire de l’obligation que je dois à votre Révérence pour la peine qu’elle a prise dans mon affaire, si ce n’est que j’espère en Notre Seigneur qui la récompensera, car cela touche tellement son Église, et que cela a été entrepris sans raison, sauf, comme je le crois sincèrement, à l’investigation d’un ennemi dénué de scrupules [Cromwell] qui a abusé le Roi mon Seigneur ; ce qui, si l’on examine sans passion, montrera clairement, je l’espère, que la vérité et la justice sont de mon côté, ce qu’il serait impossible de démontrer ici par mon conseiller. Et j’espère qu’il sera possible de le montrer si votre Révérence persuade sa Sainteté que, en cette circonstance, ma cause doit être laissée à la Rote et en aucune manière ne puisse en sortir, jusqu’à ce qu’il soit possible de faire sur place une enquête ; car si maintenant, après avoir envoyé ici des juges, Sa Sainteté devait donner une autre mission à d’autres personnes pour faire le jugement dans ce royaume, outre que je serais injustement perdue, Notre Seigneur serait gravement offensé, car je vous assure devant lui que dans cette affaire je suis complètement innocente et je vous assure avec certitude qu’ici il n’est pas possible de rendre une sentence qu’il n’en provienne dans le futur un très grand mal ; ce que je prie Notre Seigneur qu’il veuille réparer avec le temps »…Les lettres autographes de Catherine d’Aragon sont d’une insigne rareté.Ancienne collection Alfred Morrison (2, II, p. 112).Vente Huit siècles de l’histoire de l’Europe (27 novembre 2008, n° 50).
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