Sélection Bibliorare
[SADE (Marquis de)]. Justine, ou les Malheurs de la vertu. En Hollande, chez les libraires associés [Paris, Jacques Girouard], 1791. 2 tomes en un volume in-8, maroquin rouge, triple filet doré, dos lisse orné de grenades et petits fers dorés,...
Estimation :
10000 / 12000
Adjudication :
27000 €
Description
pièce de titre havane, coupes et bordure intérieure ornées, doublures et gardes en papier dominoté à motif floral, tranches bleutées (Reliure de l'époque).
Édition originale, de toute rareté, du premier ouvrage publié par le marquis de Sade. Dédiée à la bonne amie de l'auteur, Marie-Constance Quesnet, l'édition est ornée d'un beau frontispice néoclassique dessiné par Philippe Chéry et gravé en taille-douce par Carrée, allégorie de la Vertu malmenée par la Luxure et l'Irréligion. Œuvre emblématique du marquis de Sade, Justine l'a accompagné tout au long de sa vie. C'est la deuxième version, largement remaniée et amplifiée aux dimensions d'un roman, du conte des Infortunes de la vertu, composé à la Bastille en 1787 et demeuré à l'état de manuscrit. L'histoire de Justine sera encore réécrite par l'auteur, et augmentée de celle de sa sœur Juliette, pour former les dix volumes publiés en 1797 sous le titre : La Nouvelle Justine. Une critique parue dans les Petites-Affiches, en 1792, résume l'opinion de l'époque sur ce sombre chef-d'œuvre : « Tout ce qui est possible à l’imagination la plus déréglée d’inventer d’indécent, de sophistique, de dégoûtant même, se trouve amoncelé dans ce roman bizarre, dont le titre pourrait intéresser et tromper les âmes sensibles et honnêtes. [...] Vous, hommes mûrs, que l’expérience et le calme de toutes les passions ont mis au-dessus de tout danger, lisez-le pour voir jusqu’où peut aller le délire de l’imagination humaine ; mais soudain après, jetez-le au feu : c’est un conseil que vous vous donnerez à vous-même si vous avez la force de le lire entièrement ». Alors que la Révolution avait supprimé la censure le 13 janvier 1791, Justine parut si choquant qu'elle fut aussitôt réinstaurée et l'ouvrage cloué au pilori. Bel exemplaire, grand de marges (195 x 120 mm), bien frais et remarquablement conservé, habilement placé dans une jolie reliure en maroquin du temps pour un amateur du XXe siècle qui a voulu réaliser un exemplaire parfait. On chercherait en vain un exemplaire de ce livre aussi rare que scabreux relié à l'époque de sa parution en plein maroquin orné. Bien complet du faux-titre du second tome, l'édition n'en étant pas pourvue dans le premier, l'exemplaire se présente comme toujours sans le feuillet d'avis de l'éditeur et d'explication du frontispice, qu'on ne connaît qu'à l'exemplaire Rund-Nordmann. Gardes et pièce de titre renouvelées et frontispice remonté lors du remboîtage. Tache insignifiante au plat supérieur, estafilade marginale aux pp. 119 et 120 du premier tome. Dutel, A-593 – Pia : Enfer, I, 672 – Lever : Sade, 423 sq. – Gay-Lemonnyer II, 752 – Kearney, 1618-20.
Édition originale, de toute rareté, du premier ouvrage publié par le marquis de Sade. Dédiée à la bonne amie de l'auteur, Marie-Constance Quesnet, l'édition est ornée d'un beau frontispice néoclassique dessiné par Philippe Chéry et gravé en taille-douce par Carrée, allégorie de la Vertu malmenée par la Luxure et l'Irréligion. Œuvre emblématique du marquis de Sade, Justine l'a accompagné tout au long de sa vie. C'est la deuxième version, largement remaniée et amplifiée aux dimensions d'un roman, du conte des Infortunes de la vertu, composé à la Bastille en 1787 et demeuré à l'état de manuscrit. L'histoire de Justine sera encore réécrite par l'auteur, et augmentée de celle de sa sœur Juliette, pour former les dix volumes publiés en 1797 sous le titre : La Nouvelle Justine. Une critique parue dans les Petites-Affiches, en 1792, résume l'opinion de l'époque sur ce sombre chef-d'œuvre : « Tout ce qui est possible à l’imagination la plus déréglée d’inventer d’indécent, de sophistique, de dégoûtant même, se trouve amoncelé dans ce roman bizarre, dont le titre pourrait intéresser et tromper les âmes sensibles et honnêtes. [...] Vous, hommes mûrs, que l’expérience et le calme de toutes les passions ont mis au-dessus de tout danger, lisez-le pour voir jusqu’où peut aller le délire de l’imagination humaine ; mais soudain après, jetez-le au feu : c’est un conseil que vous vous donnerez à vous-même si vous avez la force de le lire entièrement ». Alors que la Révolution avait supprimé la censure le 13 janvier 1791, Justine parut si choquant qu'elle fut aussitôt réinstaurée et l'ouvrage cloué au pilori. Bel exemplaire, grand de marges (195 x 120 mm), bien frais et remarquablement conservé, habilement placé dans une jolie reliure en maroquin du temps pour un amateur du XXe siècle qui a voulu réaliser un exemplaire parfait. On chercherait en vain un exemplaire de ce livre aussi rare que scabreux relié à l'époque de sa parution en plein maroquin orné. Bien complet du faux-titre du second tome, l'édition n'en étant pas pourvue dans le premier, l'exemplaire se présente comme toujours sans le feuillet d'avis de l'éditeur et d'explication du frontispice, qu'on ne connaît qu'à l'exemplaire Rund-Nordmann. Gardes et pièce de titre renouvelées et frontispice remonté lors du remboîtage. Tache insignifiante au plat supérieur, estafilade marginale aux pp. 119 et 120 du premier tome. Dutel, A-593 – Pia : Enfer, I, 672 – Lever : Sade, 423 sq. – Gay-Lemonnyer II, 752 – Kearney, 1618-20.
