Lot n° 65

CARPATES. Manuscrit, Description des Routes qui traversent les Monts Carpates depuis la Moravie jusqu’à la Boukowine, et moyens d’en fermer les passages, Vienne décembre 1810 ; cahier in-fol. de 38 ff., broché.

Estimation : 2 000 / 2 500
Adjudication : Invendu
Description
Passionnant traité militaire manuscrit, manifestement écrit par un officier autrichien du corps du Génie. Ce traité concerne les défenses des frontières nord-orientales de l’Empire d’Autriche à la fin de 1810. À cette date en effet, l’Autriche se relevait avec peine des campagnes désastreuses de 1809 contre Napoléon, conclues par la paix de Schönbrunn qui lui enleva plusieurs de ses provinces. Parmi celles-ci la Galicie occidentale, dont le rattachement au grand-duché de Varsovie ramenait la frontière septentrionale de l’Empire autrichien à celle de 1772, avant le premier partage de la Pologne. Les Carpates constituaient donc à nouveau, comme dit l’officier anonyme de ce manuscrit, « la barrière naturelle de la Monarchie [l’Empire d’Autriche] » depuis la Moravie jusqu’à la Bukovine, aux confins de la Russie et de l’Empire ottoman, soit plus de 500 km. Comme les chemins et les routes dans cette partie de la Haute Hongrie ne sont guère praticables et que les points fortifiés d’autrefois ne sont plus entretenus, « il serait difficile à un corps d’armée en Hongrie chargé de la défense des frontières d’agir contre un corps ennemi ». L’auteur passe en revue la situation géographique et militaire de cette frontière naturelle redevenue politique, en divisant la chaîne des Carpates en trois sections : – la première va du triple point de frontière entre Moravie, Silésie et Hongrie (à peu près les actuelles République Tchèque, Pologne et Slovaquie) jusqu’à la rivière Poprad, 180 km plus à l’est, soit la partie la plus élevée des Carpates, les Hautes Tatras ; – la deuxième va du Poprad jusqu’aux sources de la rivière Sziroka (Cirocha), entre Baligrôd (aujourd’hui en Pologne) et Snina (actuelle Slovaquie), à 120 km de là ; – la troisième, la plus étendue, mène des sources de la Cirocha jusqu’à la Bukovine (actuellement partagée entre la Roumanie et l’Ukraine), à environ 200 km à l’est. Pour chaque portion géographique, l’officier recense minutieusement les routes, chemins et sentiers traversant les Carpates du nord au sud, et indique les moyens d’en fermer au besoin les passages, en créant des points d’appui fortifiés permettant éventuellement de mener de grandes opérations vers la Pologne. Il préconise la construction d’ouvrages militaires en des endroits méthodiquement déterminés, et le renforcement de certains qui existent déjà. « Par les ouvrages proposés [...] toute la chaîne des Monts Carpates depuis le triple point de frontière de la Moravie, la Silésie et la Hongrie jusqu’à la Boukowine se trouverait autant que possible fermée, la frontière de la Hongrie apurée [...] conformément à la volonté de Sa Majesté ». Cette « cloture hermétique de la chaîne principale des Monts Carpathes » participe de la stratégie défensive mise en place par l’Empereur d’Autriche François Ier, allié forcé de Napoléon à qui il vient d’accorder la main de sa fille Marie-Louise...
Partager