Lot n° 250

Louis-Pierre Musnier, baron de MAUROY (1788-1851) officier. Manuscrit, [Mémoires] ; un volume in-fol. de 52 ff. avec différentes paginations, reliure ancienne demi-daim vert à coins, dos lisse (rel. usagée, en partie désolidarisée des cahiers...

Estimation : 1 200 / 1 500
Adjudication : 1 600 €
Description
int.).
Mémoires d’un ancien officier d’Empire, aide de camp du général Friant puis du maréchal Macdonald, transcrits par son fils cadet Victor-Émile. C’est un intéressant témoignage sur les campagnes et la période napoléoniennes, avec des anecdotes et éléments purement familiaux. [F. 25-59]. Mon père. Sa jeunesse, ses premières campagnes. Mémoires qui commencent ainsi : « Je suis le fils du chevalier de Mauroy, colonel d’artillerie et chevalier de St Louis »... Louis-Pierre de Musnier était le fils aîné de Augustin-Louis, originaire de Coulommiers, et de Marie Legras de Vaubercey, d’une ancienne famille noble de Champagne, dont la grande différence d’âge est soulignée. La destinée de Louis-Pierre sera très tôt lié aux Bonaparte et à de grandes familles : sa marraine était la comtesse de Montesquiou, plus tard gouvernante du Roi de Rome, et Jérôme Bonaparte « le frère du général en chef des Armées d’Italie » sera un de ses meilleurs camarades de collège. Après quelques anecdotes sur la Révolution, ses années au collège de Meaux, puis comme élève au Prytanée militaire sur la recommandation du Premier Consul, le récit se poursuit avec quelques détails sur l’école d’officiers de Fontainebleau, et plus spécialement sur sa première campagne lors de la guerre contre la Prusse en 1806. Affecté au régiment de Piémontais commandé par Davout, le jeune officier brosse un paysage des pays traversés en Allemagne puis Pologne, de Berlin à Varsovie, des premiers combats près d’Eylau et de la manœuvre Pultusk, début février, récit qui, sans être précis, donne une vie particulière aux péripéties quotidiennes et des impressions précieuses sur la vie militaire. « Le bruit du canon, la rapidité avec laquelle passaient les boulets, les cris des blessés, le bruit des tambours battant la charge, ce mélange confus d’horreur auquel je pris part sans avoir le temps de la réflexion, m’identifièrent de suite à ma nouvelle position et je restais impassible au milieu de mes camarades qui tombaient autour de moi »... Après l’entrevue de Tilsit, le cantonnement en Pologne (1807-1808), les visites à Jérôme Bonaparte au château de Napoléon-Sée près Cassel, les bals en présence de l’Empereur (« c’est à ce bal que je vis danser l’Empereur avec sa maîtresse la Comtesse Waleska il était fort gauche et ne dansait guère que la Monaco »), le jeune militaire est nommé officier d’État-Major auprès du général Friant. Commence alors le récit de sa deuxième campagne, en 1809, où est abordée la manœuvre de Landshut et Eckmühl, Essling et la relation très détaillée de Wagram… Cette première partie des mémoires se termine sur quelques remarques concernant divers personnages et sa nomination comme aide de camp du maréchal Macdonald. [F.1-8]. Reprises des mémoires du marquis de Mauroy devenu chef de Bataillon, pendant la période des Cent-Jours, et le début de la Seconde Restauration avec des anecdotes intéressantes sur les revirements de position de quelques personnalités, les Alliés à Paris et aux environs, le retour de Louis XVIII, la réorganisation des Armées par Macdonald à Bourges. S’étant mis en congé, ces notes n’abordent principalement que la vie privée dont le principal événement est le mariage en 1814 avec Amélie-Célestine d’Aumont, fille naturelle de Louise d’Aumont duchesse de Mazarin, épouse divorcée du prince de Monaco... [F. 9-14]. Notes retrouvées, retranscrites sous forme de journal, de janvier à mars 1819. [F.15-19]. Quelques « portraits tracés par mon père », la plupart assez acerbes (parmi les personnalités militaire, le général Saint-Cyr, et le colonel Verdun qualifié « pour mémoire, de nullité personnifiée »). Louis-Pierre de Mauroy deviendra par la suite lieutenant-colonel en 1836, colonel en 1840, et créé baron héréditaire par lettres-patentes du 30 mai 1817. Le manuscrit se poursuit avec les souvenirs de son fils Victor Émile Vivant, né en octobre 1820, qui fut officier d’ordonnance de Napoléon III. Ces souvenirs s’ordonnent en trois périodes. – Campagne d’Italie de 1859, le baron de Mauroy étant incorporé au 2e Régiment de Voltigeurs de la Garde : l’arrivée à Gênes, la traversée de la Lombardie, les premiers engagements contre les Autrichiens à Montebello, combats de Turbigo et la bataille de Magenta début juin, les fêtes à Milan, les charges du 2e Voltigeurs à Solférino et la poursuite de l’ennemi, revue générale à Paris. On notera quelques détails sur l’Empereur souvent présent au bivouac, et quelques personnalités dont le prince Murat, Tascher de la Pagerie, etc. – « Mon voyage au Mont Cenis, 1865 », sur le creusement spectaculaire du tunnel et la visite des chantiers. – « Mon voyage à Londres, 1871 », pour assister aux manœuvres militaires anglaises du camp d’Aldershot. Rentré de captivité en juin 1871, le lieutenant-colonel Mauroy, reprenant le commandement du 22e de Ligne, se voit confier cette mission d’observation des armées britanniques, premier rapprochement entre l’empire britannique et la jeune république française au lendemain du désastre de 1871. Nommé colonel, le baron Musnier de Mauroy quittera le service et sera mis en retraite en 1880.
Partager