Lot n° 120

Hardellet André (1911-1974). manuscrit autographe signé, L’Oncle Jules ; 128 pages in-4. manuscrit complet de Ce roman, paru posthumément en 1986 aux Éditions Régine Deforges. Le projet remonte à 1971, alors qu’André Hardellet et Régine...

Estimation : / 1 500 / 2 000
Adjudication : 1 900 €
Description
Deforges sont en proie tous deux aux foudres de la censure pour la publication du roman Lourdes, lentes, et accusés de pornographie. « Peu avant, j'avais voulu publier des livres pour enfants écrits par de véritables écrivains et j'avais demandé à André de m'écrire un conte. Ma demande l'avait amusé et, quelques jours plus tard, il m'avait remis une vingtaine de feuillets recouverts de sa grande écriture : c'était L'Oncle Jules, un texte merveilleux. Plusieurs années après, j'ai demandé à Wiaz de l'illustrer. Quand a été imprimé le livre, j'ai eu le cœur serré : André ne verrait jamais son oncle Jules^ J'espérais, cependant, que là où il était, au paradis des poètes, il était content »^ (L'enfant du 15 août, p. 277). Le manuscrit resta en effet quinze ans dans les tiroirs de Régine Deforges et ne sera publié qu'en 1986, illustré de dessins de Wiaz. Le manuscrit, au stylo bille bleu, de la grande écriture d'Hardellet, présente très peu de ratures ou corrections. Il comprend une Introduction (signée « A.H. », 3 pages,) et 8 chapitres non numérotés (chacun avec sa propre pagination) : Les Coucous (22 pages), L'étang du Planchon (1 1 pages), Le soleil se couche (signé « André », 12 pages), Dupurin (1 1 pages), Les animaux (16 pages), L'élection de Monsieur Muscles (signé « André », 23 pages), L'orage (signé « André », 24 pages), La Noce (fin), (signé « André Hardellet », 6 pages). Le texte publié correspond au manuscrit. L'âge du héros (31 ans) a cependant été supprimé dans l'introduction ; quelques noms de lieux restés en blanc ont été comblés, et quelques mots nécessaires à la compréhension du texte ont été ajoutés, ainsi qu'une note sur le Juif errant. Hardellet présente ainsi son héros : « Nom : Dubois (Jules) Célibataire, 31 ans, domicilié à Maisons-Alfort Métier : Eratépiste. Conduit avec brio l'autobus 29 (Gare Saint-Lazare - Porte de Montempoivre) Caractère : Enjoué, avec un soupçon de poésie Visage : ovale et réjoui Taille : haute Poids : proportionné à la taille Teint : bon Cheveux : drus Moustaches : charmeuses Distractions : la pêche à la ligne, la belote, l'imaginaire, un peu de pétanque, la causette aux demoiselles (sans parler des dames, mariées ou non) A été invité à passer ses vacances chez son beau-frère, fermier à Bricquebec-la-Sautée, en Normandie. Il y retrouvera ses neveux : Jules, dit Jules bis (et, plus simplement Julbis, 6 ans), et nièce : Sylvie, 5 ans ». Le livre raconte ces vacances. Il ne s'agit pas exactement d'un livre pour enfants, mais plutôt d'un roman d'enfance, avec une part de souvenirs et d'autobiographie. Le héros a bien des traits communs avec l'auteur : la moustache, l'amour de la pêche à la ligne, des bistrots, et des femmes dodues. Dans ces épisodes pleins de fraîcheur, de drôlerie et de poésie, Hardellet, dans une langue savoureuse, met en scène l'oncle Jules, avec ou sans ses deux comparses, dans des situations souvent cocasses. À la recherche de ruines dans le bois de la Tuilerie, le trio est attiré par le chant des coucous : « Coucou voleur de nids, charlatan sonore, maître de ballet, coucou tenace, multiple, insituable, - c'est toi qui, dans les horloges de feuillage, ouvres le bal des clairières à d'invisibles tyroliennes »^Au concours de pêche, avec l'aide de Julbis, il attrape « le légendaire brochet du Planchon », et achète dix numéros du Petit Bricquebois qui publie sa photo « pour prouver sa bonne foi auprès des copains de la R.A.T.P. » Il explique à Julbis comment se couche le soleil : « dans un lit immense, à sa taille, parce que, avec lui, faut ce qu'il faut au rayon confort. J'en ai vu un, chez Lévitan, à Paris ; il était long comme d'ici à Saint-Joseph » ; et pour faire baisser la température, des avions lui apportent de la glace du Pôle Nord : « Et le lendemain, à l'aube, quand il se lève, le soleil, il est bien reposé et il repart comme en quatorze » ; explication qui laisse perplexe l'instituteur M. Précis^ Dupurin est devenu le surnom d'un petit garçon que sa méchanceté a précipité dans la fosse à purin. L'oncle fait découvrir à ses neveux des animaux inouïs : la cane à pêche, qui va chercher le poisson qui n'a pas mordu, le chat-huant, qui a l'air d'un chat mais pousse des cris épouvantables, et le renard : « Il parait que c'est un gars on ne peut plus mariol [^j À quoi il arrive en finale ? À prendre du plomb dans ses abattis et à faire une fourrure qui ne vaut pas cher »^ Jules se présente au concours de Monsieur Muscles « en boxing-short, tenue qui lui paraît mieux convenir à son volume et son style musculaire ». L'orage, c'est « Il pleut bergère », où une petite fille inconnue vient se réfugier près de Jules. La Noce clôt les vacances : « Le cidre bouché effaçait la mélancolie que comporte tout mariage - où finissent deux jeunesses »^ On jOint 3 lettres autographes signées « André » à Régine Deforges (5 pages in-4 ou in-8). 23 septembre 1971 , au sujet des droits d'auteur pour L'Oncle Jules et des illustrations de Ronald Searle. 28 avril 1973, envoyant copie de la belle lettre de Jean-Louis Bory (photocopie jointe) au sujet de Lourdes, lentes , avant l'audience du procès où témoigneront Julien Gracq, Pierre Seghers et le prince Murat. 22 juin 1974, espérant une probable amnistie...
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