Lot n° 301

Guerre L’algérie / putsch D’alger. Commandant Discors. L.A.S. à un ami, 8 pp. in-8. Alger, 10 juin 1958. Note au crayon : « Document capital. Aconserver ». Superbe lettre sur le putsch d'Alger du 13 mai 1958. « Alger a fait « sa révolution...

Estimation : 300 / 400
Adjudication : Invendu
Description
» le 13 mai - et je pourrai dire « j'y étais » [.j. Le 13 mai était un mardi - un beau soleil de printemps d'Algérie illuminait la ville - et échauffait les têtes. L'après-midi tout le monde avait congé pour aller se recueillir aux monuments aux morts en souvenir des trois soldats français assassinés par les fellaghas en Tunisie. Aucun énervement. Cependant au début de l'après-midi, quelques jeunes gens de 15 à 20 ans saccagèrent le centre culturel américain. Danger nul - aucun agent en vue - geste ridicule. La foule se porte au monument aux morts (placé sous le Forum). Elle est très calme. Il n'y a pas un seul musulman [...j ». Il explique l'enchainement des événements qui conduit Massu à prendre le pouvoir. « On téléphone aux généraux Salan, Jouhaud, Massu - qui étaient déjà rentrés chez eux. Ils arrivent affolés, ils pénètrent dans les locaux pour voir des jeunes gens semi inconscients jeter les dossiers par les fenêtres [.j. La foule demande : « Massu, Massu ! ». Les généraux, les journalistes se consultent. Enfin, ils décident de créer un Comité de salut public, dont Massu, si populaire à Alger sera le Président. Ainsi, cette révolution a été une surprise totale pour tous. Elle n'a été préparée, ni par les militaires, ni par les civils, ni par les Français, ni par les musulmans. Les chefs qui se targuent devant l'histoire d'avoir réalisé cette révolution, ont été portés au pouvoir malgré eux par une foule inconsciente ». Il analyse les conséquences, le rôle de Soustelle, de Salan, de De Gaulle, etc. « Pour l'instant le général Salan, appuyé par l'armée parfaitement dévouée, disciplinée, d'une tenue impeccable, aidé par les comités de Salut Public, dirigés par des officiers, est le seul Patron ici. Heureusement [.j. Ces idées sont sans doute personnelles, mais je pense être un observateur assez objectif. Je dois vous paraître un peu pessimiste. Il n'empêche que je crois fermement que dans la conjecture actuelle, seuls, le prestige et l'autorité du général de Gaulle sont susceptibles de nous éviter une horrible lutte fratricide et de nous sauver de la déchéance totale. Puisse-t-il obtenir ce miracle [.j ».
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