Lot n° 534

JEFFERYS (Marcel). Lettre autographe, signée, adressée au peintre Georges Morren, datée de Londres, 29 janvier 1919 (10 p. 4°, enveloppe timbrée et déchirée jointe). Jefferys a passé la guerre 14-18 en Angleterre. Il parle d'une manière...

Estimation : 50 / 75
Adjudication : 110 €
Description
sceptique de l'après guerre : "[...] Quelles années de cauchemars, quel bouleversement dans les vies, dans nos vies ! Mais ne pensons qu'à l'espoir que cet infernal drame n'aura pas été joué seulement pour remuer la boue humaine [...] Hélas ce à quoi nous assistons maintenant me laisse bien sceptique. Je vois que l'après-guerre - l'épilogue du drame - malgré tous les beaux discours, semble bien chargé de haines et de passions mauvaises. Les peuples qui ont combattus en amis, ne l'ont été, en réalité, que de soldats à soldats parce que ceux-ci ont exposés au jour le jour leur vie sans intérêt autre que cette idée précise chez les avertis et impulsive chez les simples, d'une injustice monstrueusement commise envers l'humanité [...] Mais parlons d'autre chose car nous aimons notre travail pour ce qu'il est et pour ce qu'il nous donne de bonheur et de force et si, souvent nous envions celui de nos confrères, c'est que nous constatons qu'il exprime plus de beauté que la nôtre [...] Moi j'aurai une exposition ici en mai probablement, exposition où je compte réunir mes meilleures choses [...] J'ai beaucoup travaillé surtout en 1917. J'ai eu aussi la chance d'assez bien vendre [...] Quant à la qualité des choses, de gentils amis m'encouragent en disant qu'il y en a de bonnes. J'espère qu'ils ont raison. Les tableaux ne se ressentent pas de la guerre. Ils sont fleurs et objets, francs de tons et de santé [...] Je n'ai malheureusement pas travaillé beaucoup en plein air. C'était défendu pendant des années et les permis difficile à obtenir. Quand je les ai enfin reçus, le drame avait trop duré pour que j'aie le coeur de me montrer dans les rues et les quais travaillant à ce métier que la plupart jugent inutile. J'étais honteux de tous ces estropiés et de ces misères de la guerre. Je suis donc resté chez moi et j'y ai oeuvré avec le plus possible de soleil au coeur [...]".
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