Lot n° 8

GUIOT Florent (1755-1834), député de la Convention. Lettre autographe signée Florent Guiot, contresignée par Carnot (Lazare (1753-1823) adressée au citoyen président du tribunal exécutif, le 17 pluviôse de l'An IV, 2 pages 1/2, in-folio, avec...

Estimation : 80 / 100
Adjudication : 100 €
Description
cachet à l'encre rouge orné d'une Marianne. Bon état.
« Je vous adresse un exemplaire d'un mémoire en deux parties qui vient de m'être envoyé par un patriote qui réside depuis quelques temps à [...] et dont je connais les principes et la pureté. Ce mémoire est du citoyen Lachaise secrétaire de la place d'[...] contre le commissaire des guerres, les gardes Magasins, le directeur de l'hôpital militaire et le commis du fournisseur des vivres viandes de la même place. Je ne connais ni les uns ni les autres, je ne sais de quel coté sont les colonnes et la brigade ; J'ignore si tous ne sont pas capables de ce dernier délit et si comme presque tous les [...] ils ne se sont divisés que pour les partages je ne connais même pas l'article du journal de l'ami des lois qui a servi de motif pour l'arrestation du citoyen Lachaise mais j'ai pensé à la lecture de son mémoire, qu'il était intéressant que le gouvernement en fut instruit, et si [...] une dette pour tous les citoyens de lui faire connaitre les abus, les violations de la loi, les dilapidations et les autres dépressions qui se commettent, ce devoir est encore plus sacré pour les représentants du peuple qui doivent déployer toute l'énergie de leur caractère pour se procurer le redressement. Les principales circonstances de ce mémoire me paraissent être 1° que le citoyen Lachaise n'est point militaire et que dès lors c'est un acte d'oppression que de l'avoir fait jusque par un conseil militaire. 2° Qu'il a été arrêté sous le prétexte de la dénonciation qu'il avait fait insérer dans l'ami des lois et que cependant il n'en a plus été question dans l'instruction de son affaire et qu'on lui a fait son procès comme prévenu de dilapidation pendant qu'il était secrétaire du commissaire des guerres Lepelletier. 3° Que c'est au commissaire et aux autres agents qu'il avait dénoncé dans l'ami des lois, qui l'ont dénoncé à leur tour encore coupable de dilapidations ; que leur dénonciation est non seulement postérieure à la sienne, mais qu'elle l'est [...] à son arrestation. Le patriote [...] qui m'a envoyé ce mémoire, me marque dans sa lettre, que malgré l'influence très active du général Beaufort et les menées souterraines du commissaire des guerres Lepelletier, le citoyen Lachaise a été acquitté par le conseil militaire, mais en même temps qu'il a été déclaré immoral et [...] ; je n'entends pas lieu dans ce cas ci le sens de la valeur de pareilles expressions. Il m'ajoute que le citoyen Lachaise a été mis sur le champ en liberté mais que la nuit suivante il a été enlevé de son lit et réincarcéré, puis le lendemain conduit sans encontre à Bruges, avec le prétexte de le traduire dans un nouveau Conseil militaire. Si les faits rapportés dans la lettre et dans le mémoire sont exacts, cette procédure est un tissu de prévarications, d'infamies et d'atrocités et l'où on ne peut pas violer avec plus d'impudeur les droits des citoyens ou abuser avec plus d'imprudences des règles et des lois militaires. Je vous le répète, je ne connais ni la moralité ou la conduite du citoyen Lachaise, mais il est de l'intérêt général qu'on ne se joue pas insolemment de la liberté des citoyens et que surtout les chefs de nos armées n'abusent point de la force qui leur est confiée je dirais avec Mirabeau qu'il serait préférable de vivre à Constantinople plutôt que sous un régime militaire. C'est au directoire [...] au quel le soin de faire observer les lois ainsi que de réprimer leur violation est confié c'est à lui, dis-je, à prendre dans cette occasion des renseignements sûrs auprès des citoyens n'ayant aucun intérêt à le tromper ce que je puis dire, c'est qu'ayant [...] auprès des armées, je connais le brigandage des administrations militaires, leur concert pour effacer les traces et leurs intrigues pour pendre quiconque se permet de les dévoiler. Salut et fraternité ! ».
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