Lot n° 83
Sélection Bibliorare

[Affaire Dreyfus]. Émile Bourgeois. 1857-1934. Historien. Correspondance à Freystätter. 1900-1902, 1905-1906. 37 L.A.S. et C.A.S. sur env. 108 pp. in-12 et in-16, 1 carte de visite annotée ; joint 4 cartes de Mme Marguerite Bourgeois (7 pp. in-16)

Estimation : 2 000/3 000 €
Adjudication : 2 297 €
Description
Importante correspondance relative à l’affaire Dreyfus, adressée au capitaine puis commandant Martin Freystätter (1857-1919), ancien membre du Conseil de Guerre qui jugea Dreyfus. Freystätter fut l’un des premiers à avoir relevé des irrégularités dans le procès et à émettre son jugement sur l’innocence de Dreyfus. Bourgeois semble rassembler ses témoignages comme examinateur pour écrire une histoire de l’affaire, et se fait l’écho de l’esprit dreyfusard et anti qui règne dans les milieux politiques et militaires après le procès de Rennes, les jeux d’influences qui en résultent dans les partis ainsi que dans les différentes loges maçonniques ; il en informe dans les moindre détails son correspondant, citant Reinach, Monod, Clémenceau, Picquart, Clagny, Hartmann, Waldeck, Gallifet, Bichot, etc. 1900 : (…). En deux mots et à la hâte, voici la situation que je ne puis d’ailleurs vous expliquer longtemps par lettre (…). Bichot a remis son rapport qui n’est peut-être pas tout à fait conforme à la réalité des faits et de votre entretien, j’en ai eu vent. Il a prié Reinach de lui en faire communication ainsi qu’au ministre afin que justice soit rendue ; le ministre va lui demander un rapport sur les faits qu’on lui reproche. Le ministre demandant à voir Freystätter, Bourgeois le conseille de se concerter avec Reinach. 1901 : A propos de la réhabilitation de Picquart : (…) Je soutiens seul ou presque seul que la lettre de Picquart n’est ni une maladresse, ni, comme l’a écrit Cornely, une injustice surtout. Les amis pensent que c’eût été une leçon utile à donner aux adversaires de réintégrer Picquart, de le nommer colonel avec une rosette d’officier. Leur défaite croit ou eût éclaté aux yeux du pays désabusé des mensonges. Et d’autres croient qu’il a été trop dur pour un ministère dreyfusard qui a rendu beaucoup de services (…). Humainement, il est vrai que la grâce était une nécessité après la seconde condamnation de Rennes. Mais cet enchainement de fatalités, quel en est premier chainon, le jugement de Rennes. Là est la faute du ministère, illusion ou faiblesse, qu’il n’y a pas moyen d’excuser, d’oublier. Après l’amnistie, on allait l’oublier (…). L’apaisement, c’est la justice, non le silence. C’était la Cour de Cassation et non le Conseil de Rennes. Ce sera la vérité toute nue, comme elle est apparue un instant au mois d’août 1898, après la découverte des faux d’Henry (…). Il demande de l’éclairer sur sa comparution devant le général Bichot pour répondre aux accusations de Mercier ; il gardera dans un dossier spécial tout ce que le commandant pourra lui dire, et d’ajouter ; Je sais qu’il y a des politiques que Clémenceau a forcé de se taire (…). Bourgeois soutient son ami à reprendre une place à l’état-major, et lui propose en attendant une affaire relative à la colonisation à Madagascar. 1902 : Je suis persuadé qu’une reprise de l’affaire avant les élections, sans un fait nouveau, serait très inutile d’abord et funeste au parti républicain (…). Bourgeois revient longuement sur l’affaire Picquart, et sur le silence des convictions dreyfusardes qui portent préjudice à leur parti. Discussion à propos d’une reprise de l’enquête, regrettant l’absence de désaveux de l’armée, sur la demande en grâce de Dreyfus, sur les parutions de l’Aurore et l’engagement de Reinach, sur divers groupes d’influence dont la section des Droits de l’Homme et le parti républicain, recommandation auprès du ministre, etc.
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