Lot n° 175
Top Enchère

BRETON, André. L'Air de l'eau. Paris, Éditions Cahiers d'art, 1934. Petit in-folio : demi-maroquin rouge à la Bradel avec coins, couvertures et dos conservés, entièrement non rogné, tête dorée (reliure légèrement postérieure). Édition...

Estimation : 100000 / 150000
Adjudication : 340 000 €
Description
originale tirée à 345 exemplaires : 5 sur Japon, 40 sur Montval et 300 sur vélin.
Un des 40 exemplaires sur papier Montval (nº 8), signé par l'auteur et l'artiste,
et enrichi de 4 gravures originales au burin d'Alberto Giacometti.
Seuls les 45 exemplaires du tirage de tête comportent ces illustrations gravées.
“L'Air de l'eau est une grande célébration de la femme qui est entrée dans la vie de Breton le 29 mai
1934, Jacqueline Lamba [l'inspiratrice de L'Amour fou], dessinatrice et peintre de vingt-quatre ans,
que les conditions matérielles ont amenée à faire dans un music-hall un numéro de natation. C'est
pourquoi elle est d'emblée pour Breton l'ondine, celle qui a l'air de danser sous l'eau, de même que la
femme apparue dans le poème de 1923, Tournesol, que le poète juge prémonitoire de la rencontre de
1934, avait “l'air de nager”. La façon dont le titre privilégie les deux éléments, l'air et l'eau, est là
pour rappeler que l'ondine se meut dans ces deux espaces. Tout au long du recueil, on le verra, ils
ne cessent de communiquer et même de se confondre dans l'irisation ou le mouvement. (…)
L'Air de l'eau apparaît comme un grand poème où réflexion et automatisme s'unissent dans la
glorification amoureuse, où le je, tout entier absorbé par son regard sur l'autre, la femme aimée, la
retrouve partout à travers temps et espace, liée aux éléments, présente dans la légende, offerte enfin
de toute sa splendeur à la fête amoureuse, sans qu'il cesse pourtant de s'interroger sur le miracle
vertigineux de la rencontre et sur le moyen de la recréer indéfiniment, par-delà l'éclat poétique de
l'instant, dans le quotidien de la vie vécue, afin d'assurer à la transmutation de l'existence qui est
son oeuvre une totale pérennité” (Marguerite Bonnet, André Breton, OEuvres complètes, II, 1992, pp.
1544-1553).
Exemplaire de Paul Éluard, enrichi de ce très bel envoi autographe :
P AUL ELUARD,
l'homme dont le nom dans ma vie
aura sonné de beaucoup le plus clair –
qu'il fût là je songerais encore,
même désespéré,
à être heureux.
André
Le 14 août 1934, Paul Éluard avait été, avec le peintre Alberto Giacometti, le témoin de mariage
d'André Breton et de Jacqueline Lamba, l'inspiratrice et l'objet de L'Air de l'eau.
Le poète a enrichi son exemplaire de plusieurs pièces précieuses dont 6 dessins originaux
d'Alberto Giacometti :
Un manuscrit autographe signé d'André Breton, à l'encre verte :
“Jugement de l'auteur sur lui-même. Héraclite mourant, P ierre de Lune, Sade, le cyclone à tête de grain
de millet, le tamanoir : son plus grand désir eût été d'appartenir à la famille des grands indésirables. André
Breton, 17 septembre [le mot "juillet" a été rayé] 1935.”
Ce texte, longuement analysé par Marguerite Bonnet dans l'édition de la Pléiade, est
d'une version antérieure à la copie conservée à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet.
2 gravures originales supplémentaires d'Alberto Giacometti :
la première, refusée, non signée (seule épreuve connue) ; la seconde, ayant servi à
l'illustration, signée au crayon.
6 dessins originaux de Giacometti, dont un à l'encre, réalisés sur 3 feuillets.
Il s'agit d'esquisses préparatoires pour l'illustration de L'Air de l'eau : deux dessins sont
signés au crayon ; au verso du dessin à l'encre, début de lettre de Giacometti à Breton
(17 septembre 1934, 3 lignes à l'encre noire).
Provenance : Paul Éluard, avec envoi de l'auteur.- Jean Hugues (Poésie contemporaine, nº 62).- Renaud
Gillet, avec ex-libris (cat. Sotheby's Londres, 1999, nº 84).
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