Description
Bains dimanche [2 septembre 1860]. Nouvelles de sa cure, et de la vue de LL. MM. à Sallanches. "
Marie d'AGOULT. 19 L.A.S., 1860-1872, à son gendre Guy de CHARNACE ; 67 pages in-8 ou in-12. BELLE ET INTERESSANTE CORRESPONDANCE AVEC SON GENDRE ET CONFRERE, mari de sa fille Claire, journaliste, littérateur et agronome. Saint-Gervais les Bains dimanche [2 septembre 1860]. Nouvelles de sa cure, et de la vue de LL. MM. à Sallanches. " Mon ami, mon cher Guy, j'aurais voulu redevenir un centre et appliquer doucement mon expérience de la vie à rendre tolérable et bienséant ce qui ne semble plus pouvoir être heureux. Il m'est très cruel de ne pouvoir plus rien pour des êtres qui me sont si chers mais je persiste à croire que vous pourrez beaucoup auprès d'une personne au fond pleine de raison et de bon vouloir si vous savez mettre un peu d'art dans vos rapports et parler comme je vous ai entendu le faire avec moi, en frère désintéressé et dévoué. Le voyage d'ailleurs sera un bon dérivatif à l'ennui qui me paraît, à vrai dire, l'unique cause de tout le malaise moral et physique, et quand nous reviendrons d'Italie, ce qui nous semble impossible à réaliser aujourd'hui, se fera peut-être tout simplement ". 14 septembre. Sa joie et satisfaction de voir Guy dans des dispositions selon son cour ; ses efforts seront récompensés : " je vous donnerai les meilleurs lettres possible. J'irai moi-même à Turin [.] également très volontiers à Florence et quelles que soient les projets ou les désirs de votre femme je prendrai Daniel très volontiers le jour où cela pourra entrer dans vos convenances "... Lundi [décembre 1860]. Elle se réjouit de penser qu'elle le reverra au printemps. " Si vous voulez bien pour cette année encore suivre mes avis [.] je me flatte qu'au lieu de nous donner les uns aux autres trouble, chagrin tourment, nous pourrons nous entre-aider et nous faire, chacun selon sa nature, une vie si ce n'est heureuse, du moins très tolérable ". Elle aurait une préférence pour Meudon, Saint-Germain ou Versailles, ou bien le quartier des Champs-Élysées, afin de refaire son milieu par une vie stable. Elle n'a pas encore reçu la lettre de Nefftzer, annoncée par Dollfus, mais elle serait très disposée à collaborer [à la Presse] par son drame de Jacques-Cour. " Vous savez que M. de BÜLOW et LISZT viennent à Paris pour la 1ère rep. du Tannhäuser [13 mars 1861]. Je vous avoue que j'ai de grandes curiosités de ce côté-là. Tout ce que vous pourrez m'apprendre, communiquez-le-moi. N'allez-vous pas chez WAGNER ? ". Nice 6 janvier 1861. Remerciements pour l'envoi de La Presse : " je vous trouve toujours en progrès et accusant de plus en plus votre personnalité dans votre style qui est également exempt de banalité et de prétention ". Il est question aussi d'une visite de COSIMA, au printemps. 11 novembre. Elle l'exhorte à ne pas se laisser aller à la tristesse ; pour aimer la vie il a des facultés intellectuelles, un enfant doué et, " à défaut de l'amour conjugal qui n'est si j'en crois mon expérience, le partage de personne en ce tems-ci il ne dépend que de vous de vous assurer l'amitié d'une personne qui, j'en ai la conviction profonde, tiendra avant peu le premier rang entre les grands esprits de son tems et de son pays. [.] Nous nous sommes trompés vous et moi, et tous nos amis avec nous en lui croyant un caractère sans énergie et sans initiative. Il m'a suffi de l'entendre en ces derniers tems pour me convaincre que tout ce que nous pouvions considérer comme actes de faiblesse était actes de force et [.] ce but étant infiniment honorable, plus elle s'en rapprochera plus elle trouvera de satisfaction et en répandra autour d'elle. Quant aux influences que vous sembliez redouter, j'ai lieu de croire également que le vraisemblable en cette circonstance n'est pas le vrai et que si elle a subi des influences elles ne sont pas de nature à troubler sa vie, tout au contraire ". 4 janvier [1862]. Elle a appris l'accident de Guy : " Moi j'ai commencé l'année par une foulure à la hanche qui m'a causé des douleurs à crier mais un rebouteur fort en vogue, Mr le Dr Le Bâtard, m'a soulagée instantanément et guérie comme par magie. L'empereur est comme nous en proie aux douleurs. Il s'est mis au lit après les réceptions du jour de l'An ". Jeudi [5 juin]. Anecdote sur " une scène d'explication " entre BLANQUI, " en démence ", et PELLETAN. Elle a répondu à une lettre de part de Mme SAND... " Mon frère me raconte qu'il a donné à son fils mon Hist. de 48, en l'exhortant à travailler et à tâcher d'en faire autant un jour ! (Emmanuel est républicain). On paraît avoir oublié qu'on m'a offert, après la mort de ma mère, la réconciliation avec la famille "à condition que je n'écrirais plus !" ".Elle lui enverra son " livre sur l'Italie " [Florence et Turin] dès parution. Bellaggio 8 septembre 1863. Elle souhaite recevoir tous les numéros de la Presse où figure Guy : " j'ai la manie de vous faire mes observations littéraires pour vous faire part de ma vieille expérience ". Impressions du Saint-Gothard et de Bellaggio, et nouvelles de son travail sur La Hollande et Dante et Goethe. Bellaggio 12 septembre. Elle a rencontré à Brunnen la comtesse d'HESPEL, " la tante de Nélida " : " J'ignore si elle savait que son nom figurait dans ce roman mais elle a été très aimable et nous avons fait ensemble plusieurs promenades pendant lesquelles je riais in petto de ce hasard ". Elle n'a pas été désouvrée : " je rapporte deux travaux qui me paraissent supérieurs à tout ce que j'ai encore publié. [.] Je souhaite beaucoup que mon dialogue sur Dante et Goethe vous plaise ". La Pierre de Romanèche [septembre]. " Je suis allée de Bellaggio à Milan. Mes amis de Turin, les Peruzzi entre autres, sachant que je ne pouvais les aller trouver, sont accourus avec un empressement très aimable. Le Roi m'a fait écrire à l'occasion de mon livre. [.] A Genève, j'ai passé la journée chez la Csse KAROLY ". [Début août 1864]. Recommandations pour les " portraits ", qui la préoccupent : supprimer les citations qui pourraient faire penser à elle, etc. Schlangenbad 29 août. Détails pittoresques sur ce joli lieu de cure où l'on avale dès l'aube " un écourant petit-lait de chèvre [.] au chant de God save the Queen ! ". Schlangenbad 5 septembre. " Vos succès sont certainement, à l'heure qu'il est, le plus vif intérêt de ma vie intime et je ne puis pas croire qu'il y ait dans ce monde quelqu'un qui y prenne une plus cordiale part ". Elle le renvoie au Temps pour ses récits de Schlangenbad qui lui rappelleront Brühlsche. Paris 12 septembre. Elle s'inquiète de la bronchite de son petit-fils Daniel. Elle ira faire les vendanges en Bourgogne, mais attend l'arrivée de Cosima. Elle veut organiser pour l'hiver des envois de fruits et de gibier d'Angers. Dimanche [18 septembre]. " Les PEREIRE font décidément la grande Encyclopédie du XIXème siècle. Le programme en est très beau et je le signerais des deux mains. Les collaborateurs sont choisis, sans distinction de parti, dans tout ce qu'il y a de plus libéral et compétent : Renan, Littré, Vacherot, Laboulaye, Rémusat, Claude-Bernard &c &c. On veut me charger de religion moderne et Révolution moderne. Je n'ai pris d'engagement que pour révolution. Voulez-vous que je parle de vous pour le chapitre agriculture, haras ? Ce seront comme des articles de revue et payés à raison de 200f une très petite feuille ". RUPTURE AVEC SA FILLE CLAIRE. Samedi soir [fin décembre 1866]. " Claire a trop bien manifesté le peu de plaisir qu'elle avait à venir chez moi pour que je continue à l'en prier. J'ai fait à cet égard au-delà de ce qu'il convenait de faire et je me propose désormais de la laisser tout à fait libre dans ses allures ". 6 mai [1867], réclamant les papiers de sa comptabilité avec Morel d'Arleux. " il importe que vous sachiez qu'en tous ces récents événements, mon indifférence est jouée et que vous trouverez toujours dès qu'il pourra se manifester avec une utilité réelle, mon sincère et constant intérêt ". 28 juin 1867. Afin d'éviter " une nouvelle rencontre qui serait très pénible pour tout le monde ", elle le prie d'ajourner ses visites " jusqu'à une issue pacifique des dissentiments actuels ", et de donner des nouvelles de Daniel par la poste, ou par l'intermédiaire de Ronchaud. " Je vous dis adieu et au revoir, le cour bien plein de tristesse mais non sans espoir, cependant, d'un arrangement final qui nous rend à tous la paix ". Puyraveau 6 septembre 1872. Remerciements pour son article, qui a ravi Louis TRIBERT, surtout pour " la façon dont vous rabattez le caquet de la prétendue chrétienne ! Il dit que vous faites de grands progrès ; que vous avez bien étudié Labruyère et Larochefoucauld. C'est aussi mon avis. Les Femmes illustres de l'Italie formeront un joli volume. J'en causerai bien volontiers avec vous et, en ma qualité de vieux renard, je mettrai à votre disposition ce que je connais de tours et détours du métier ". Elle doute de l'authenticité des lettres de M. à BISMARCK, mais signale celles, très tendres, de l'amiral Page à la marquise de La Grange (Caumont), avant de terminer par une allusion à l'entente entre les bonapartistes et l'Internationale, avec citation de Thiers. Etc. ON JOINT la copie par Claire de Charnacé de 2 lettres de Mme d'Agoult à Guy.