PROUST Marcel [Paris, 1871 - id., 1922], écrivain français. Lettre autographe signée [adressée à Susan Lawrance]. [1919] ;
Estimation :
4 000 / 6 000 €
Adjudication :
3 800 €
Description
4 pages in-8°.
L’immeuble du 102 boulevard Haussmann où il vivait, vient d’être revendu et il doit déménager. « Je ne peux pas vous dire combien votre motivation me fait plaisir. Je ne peux pas hélas pas l’accepter, mais j’avais si envie de vous revoir, que maintenant que j’y suis autorisé par votre petit mot, je le pourrai dans des jours meilleurs. En ce moment, moins que jamais je ne peux faire de projets pour le lendemain. A toutes les incertitudes qui viennent de mon état de santé, s’ajoute , vous l’aurez peut-être entendu raconter par Billy ou Mme de Chevigné, que la maison ou j’habitais depuis si longtemps a été vendue à un banquier qui en fait une banque. Il me faut en q.q. jours chercher un appartement, un autre pour mes meubles qui ne pourront jamais entrer dans celui , relativement petit, que je prendrai sans doute. Et dans un garde meuble j’ai peur que les bergères et les canapés Louis XV et les tapisseries et tout le reste s’abîme, et tout cela est un gd surmenage pour un malade. Tous ces détails sont bien insignifiants et assommants pour vous. [...] Je suis vraiment harcelé de préoccupations morales et de souffrances physiques. Plutôt que de vous laisser dans le doute, j’aime mieux refuser. mais je vous promets que si dans la soirée de lundi je suis capable de bouger j’irai après le dîner, vous dire bonsoir (ne songez pas, ni jamais, à la question voiture. Comme tous les gens qui ne peuvent pas beaucoup marcher, j’ai un taxi au mois). Peut-être j’aurai d’ici là l’occasion de vous remercier chez M. de L... ou la Pcsse de Polignac (si je suis bien ces soirs là). Plusieurs volumes de moi vont bientôt paraître et je vous les enverrai. Veuillez agréer, Madame, mes respectueux hommages. Marcel Proust. »
L’immeuble du 102 boulevard Haussmann où il vivait, vient d’être revendu et il doit déménager. « Je ne peux pas vous dire combien votre motivation me fait plaisir. Je ne peux pas hélas pas l’accepter, mais j’avais si envie de vous revoir, que maintenant que j’y suis autorisé par votre petit mot, je le pourrai dans des jours meilleurs. En ce moment, moins que jamais je ne peux faire de projets pour le lendemain. A toutes les incertitudes qui viennent de mon état de santé, s’ajoute , vous l’aurez peut-être entendu raconter par Billy ou Mme de Chevigné, que la maison ou j’habitais depuis si longtemps a été vendue à un banquier qui en fait une banque. Il me faut en q.q. jours chercher un appartement, un autre pour mes meubles qui ne pourront jamais entrer dans celui , relativement petit, que je prendrai sans doute. Et dans un garde meuble j’ai peur que les bergères et les canapés Louis XV et les tapisseries et tout le reste s’abîme, et tout cela est un gd surmenage pour un malade. Tous ces détails sont bien insignifiants et assommants pour vous. [...] Je suis vraiment harcelé de préoccupations morales et de souffrances physiques. Plutôt que de vous laisser dans le doute, j’aime mieux refuser. mais je vous promets que si dans la soirée de lundi je suis capable de bouger j’irai après le dîner, vous dire bonsoir (ne songez pas, ni jamais, à la question voiture. Comme tous les gens qui ne peuvent pas beaucoup marcher, j’ai un taxi au mois). Peut-être j’aurai d’ici là l’occasion de vous remercier chez M. de L... ou la Pcsse de Polignac (si je suis bien ces soirs là). Plusieurs volumes de moi vont bientôt paraître et je vous les enverrai. Veuillez agréer, Madame, mes respectueux hommages. Marcel Proust. »
