Description
Très intéressant document sur l’insurrection fédéraliste d’Avignon, signé conjointement par 10 membres des « autorités constituées actuellement dans la ville d’Avignon » en réponse à la sommation du général Carteaux. Ils « déclarent que loin que la ville soit en rébellion, elle est amie des loix et dévouée aux autorités légitimes. Tous les citoyens qui la composent, toute la force armée qu’elle renferme, tous les membres des autorités qui la régissent sont prêts à donner leur vie pour le soutien de la République une et indivisible, pour le salut des personnes et la conservation des propriétés. Nous ne reconnoissons plus la Convention nationale depuis le 31 may dernier, parce qu’elle n’est plus dans son intégralité. Nous ne sommes pas rebelles pour cela, au contraire, en vrais Républicains français, nous désirons que la représentation nationale recouvre cette unité, cette indivisibilité dont elle est privée. Nous vous requerons de vous retirer et de ne pas nous mettre dans la dure nécessité de repousser la force par la force ». Suivent les signatures des dix représentants.
• Louis-François Dauvergne (1751/1801), « commandant les troupes de Marseille dans les départements des Bouches-du-Rhône et de Vaucluse ». L.A.S. et manuscrit A.S. à « ses camarades composant la garnison d’Avignon ». [Avignon], 3 et 4 messidor [an 2, 21 et 22 juin 1794]. 4 pp. gd in-folio.
Intéressante lettre faisant part de la demande de la municipalité d’Avignon faite à l’armée, de seconder les paysans dans les moissons et la récolte des fruits, face à la pénurie de main-d’œuvre et aux risques climatiques. Le second manuscrit est le « Discours prononcé à la Société Populaire d’Avignon par le citoyen Dauvergne » sur la disette qui sévit dans la région à la suite de l’enrôlement dans les armées de la République d’un grand nombre de cultivateurs et de journaliers, mais aussi à cause de « l’égoïsme et la cupidité ». Aussi, il les invite à faire une proclamation à tous les habitants de la commune « dans laquelle elle exposera les dangers que courre la moisson, la rareté des cultivateurs, elle y invitera les habitants de tous sexes à se porter dans les champs pour y récolter. Je promet de m’y rendre moi même avec une partie de la garnison […] ».
• [Martyre de Bédoin]. Manuscrit autographe signé Durand, « Pour Mr Colonieu législateur » [Sauveur Colonieu (1770/ ?), député du Vaucluse (1805-1810)], intitulé « Mémoire relatif à la pétition de la commune de Bédoin ». 4 pp. in-4. Avignon, 20 juillet 1807. Martyre de la commune de Bédoin. Le 13 prairial an 2, sous le prétexte que l’arbre de la liberté de Bédoin a été arraché, le tribunal révolutionnaire venu siéger dans cette commune royaliste avec 3 bourreaux, condamne à mort 64 habitants (36 guillotinés et 28 fusillés). Le 15, le 4e bataillon de l’Ardèche incendie 500 maisons et édifices publics du village, dont 8 chapelles et l’église paroissiale. Il est même décrété que la ville soit rasée et remplacée par un monument. Après la 9-thermidor, la ville est réhabilitée, et les survivants tentent comme ils peuvent de poursuivre leur existence. Mais devant une situation si difficile, Durand dresse, dans ce mémoire, le tableau sombre de l’état de la commune et sollicite l’intervention de « Madame Mère » [de Napoléon] pour que « cette pieuse princesse » vienne en aide à cette commune martyre. « Soixante quatre citoyens, la plupart pères de famille juridiquement massacrés, cinq cents maisons incendiées, la commune anéantie, son sol maudit, son nom voué à l’infamie, les habitants exilés, dispersés, dépouillés, proscrits, telle fut la funeste vengeance exercée à Bédoin par les agents d’une faction régicide, dont le bras seul de Napoléon a pu abattre toutes les horribles têtes, sous le prétexte aussi frivole que commun alors du crime de lèze-liberté ; parce que dans une nuit obscure un des valets de la faction en avait tout exprès arraché et profané le signe : le fait est public, sans être prouvé […] ».
• Insurrection fédéraliste. Pièce signée, pour copie conforme, par le général Jean-François Carteaux (1751/1813), qui dirigea la répression contre les insurgés du Midi [il entra à Avignon le 25 juillet 1793]. 1 p. in-folio, sans date [juillet 1793]. Important document historique. « Les autorités constituées actuellement dans la ville d’Avignon, répondant à la somation du général de brigade Carteaux, déclarent que loin que la ville soit en rébellion, elle est amie des lois et dévouée aux autorités légitimes […]. Nous ne reconnaissons plus l’Assemblée nationale depuis le 31 mars dernier, parce qu’elle n’est plus dans son intégralité, nous ne sommes pas rebelles pour cela, au contraire, en vrais Républicains français, nous désirons que le représentation nationale recouvre cette unité, cette indivisibilité dont elle est privée. Nous vous requerrons de vous retirer […] ».