Lot n° 209

[SADE, Donatien Alphonse François, marquis de.] Aline et Valcour, ou le Roman philosophique. Écrit à la Bastille un an avant la Révolution de France. Orné de seize gravures. Paris, Chez la Veuve Girouard, 1795.

Estimation : 10 000 / 15 000 €
Adjudication : 56 394 €
Description
8 volumes petit in-12 (129 x 78 mm) : basane fauve marbrée, dos lisses ornés, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge et vert, guirlande dorée encadrant les plats, coupes décorées (reliure de l’époque).

Édition originale : exemplaire orné de 15 gravures hors texte.

Exemplaire de l’émission C.
Il existe trois émissions différentes : elles sont reconnaissables à l’énoncé de la page de titre et au nombre des gravures – de 14 pour les deux premières à 16 pour la dernière. En outre, on distingue trois états du texte du tome II, le plus sensible politiquement, que Sade a rendu moins monarchiste et plus républicain : ce qui est précisément le cas pour cet exemplaire.

“Tableau de moeurs et de caractères dans lequel la luxure d’un père incestueux est tracée avec une singulière énergie, récit d’aventures héroï-comiques parmi toutes les classes et dans tous les climats, le roman d’Aline et Valcour, où la sociologie d’un précurseur s’entrelace à des folklores imaginaires, ne laisse pas de préfigurer un aspect de la sensibilité moderne en maintes pages toutes rutilantes de
royaumes inconnus et de ces ‘voyages de découvertes dont on n’a pas de relations’ qu’évoque Arthur Rimbaud dans l’Alchimie du verbe… Si les syllabes maudites du nom de son auteur n’eussent détourné d’un tel ouvrage la critique universitaire, le roman d’Aline et Valcour – d’une langue toujours décente,
en dépit de la hardiesse des passions – serait inscrit depuis longtemps au nombre de ces fictions universelles qui, pareilles au Décaméron, à Don Quichotte et à Gulliver, ont ouvert de nouvelles demeures à l’imagination des hommes” (Gilbert Lely).

Plaisante collection en reliure décorée du temps.

La reliure a été habilement restaurée aux coiffes et aux coins ; le papier est, comme presque toujours, uniformément bruni.
La planche libre fait défaut comme dans la plupart des exemplaires.

Bibliothèque Bodmer, Sade, un athée en amour, nº 81 : notice de Vérène de Soultrait.- Pia, Les Livres de l’Enfer, 29-30 : les exemplaires de la Bibliothèque nationale de France décrits par Pascal Pia sont incomplets.- Delon, in OEuvres de Sade, Bibliothèque de la Pléiade, I, p. 1213 : “Il faut attendre l’édition de Jean-Jacques Pauvert en 1956 et, dix ans plus tard, celle du Cercle du livre précieux, pour que le roman devienne disponible et s’impose comme l’un des grands ‘romans philosophiques’ du XVIIIe siècle, à côté de ses modèles Cleveland et La Nouvelle Héloïse, mais aussi de Candide et de Jacques le Fataliste.”
Partager