Lot n° 350

[FLAUBERT]. Portrait de Gustave Flaubert. Vers 1845. Huile sur toile de forme ovale (455 x 360 mm).

Estimation : 80 000 / 120 000 €
Adjudication : Invendu
Description
Le plus célèbre des rares tableaux figurant le jeune Flaubert.

Il porte en bas à droite cet envoi difficilement lisible : “A Gustave Flaubert”, suivi d’un mot presque effacé et lacunaire dans lequel Jacques Toutain-Revel a cru lire “Arliste”.

Si la dédicace du peintre à Gustave Flaubert est une réalité, l’identification du personnage comme étant l’écrivain a été mise en question, quoique de manière très prudente, par Jacques Toutain-Revel et Yvan Leclerc. Le portrait a cependant été reproduit dans l’Album Flaubert de la Pléiade ainsi que dans Grands écrivains choisis par l’Académie Goncourt, Gustave Flaubert (n° 108, mai 1992), accompagné du commentaire suivant : “Ce surprenant portrait que le peintre – dont la signature est malheureusement effacée et peu lisible [...] dédia au modèle sur la toile même, est plus qu’un portrait : une confidence et presque une résurrection, écrit Jacques-Henri Bornecque. Déroutés nous cherchons le Viking à la moustache de palikare, au regard lourd, dans sa tristesse dépouillée ou sa hautaine absence, et nous sommes face-à-face avec un jeune homme charmant, saisi dans une halte de son travail, par une journée de printemps ou d’été, au milieu de son pavillon de Croisset. [...] Le pavillon qui comprenait deux bibliothèques, était garni d’un mobilier Empire en acajou tapissé de drap rouge. C’est dans un de ces fauteuils que Flaubert s’est, quelques instants, détendu. D’une main qui nous apparaît très belle, aussi caressante et presque féminine avec son index fuselé, que l’autre main demeure nerveuse et volontaire, il tient un vieux livre dont nous ne saurons jamais s’il a été choisi par hasard, ou s’il est souvenir, peut-être encore symbole… […].
C’est un jeune homme en effet, ou tout au moins un homme jeune, qui nous scrute de ses yeux fins et bien fendus au regard indéfinissable, rêveur, vaguement tendre, et en tout cas singulièrement vigilant. Avant la gloire, mais avec tout l’espoir encore […].”

Seul portrait qui ait réussi à transmettre une vision paisible, à défaut d’être heureuse, de l’auteur de Madame Bovary. Il a été attribué à Thomas Couture (1815-1879), ou à un membre de son cercle.
Yvan Leclerc signale l’existence d’un portrait présumé de “Gustave Flaubert en oriental” signé de Victor Pieters et daté de 1856. Les traits du visage sont très proches et la pose similaire. Peintre d’origine néerlandaise, Victor Pieters (1813-1894) était installé à Rouen depuis 1845, rue Lecat : au nº 51 était la maison d’enfance de Flaubert. Pieters déménage en 1850 rue du Grand-Pont. Il fut également photographe à partir du début des années 1860.

Petites lacunes dans la partie inférieure de la toile ; quelques minuscules trous de vers ; deux traces de choc dans le fond (5 et 3 mm), au-dessus du coude gauche de Flaubert.

Provenance : Gustave Flaubert (1821-1880).

- Vente Drouot, 24 mars 1999, n° 50. Toutain-Revel, Autour d’un portrait de Gustave Flaubert in Amis de Flaubert, n° 10, 1957, p. 63-64.
- Bornecque, Un portrait inconnu de Gustave Flaubert, jeune homme charmant, Paris-Normandie, 1er février 1957, n° 3832 (reproduit et décrit p. 9).
- Bibliothèque de la Pléiade, Album Flaubert, 1972. Iconographie réunie et commentée par Jean Bruneau et Jean A. Ducourneau. Reproduit p. 117.
- Grands écrivains choisis par l’Académie Goncourt, Gustave Flaubert, n° 18, septembre 1984, reproduit en couverture de la plaquette biographique et nº 108, mai 1992.
- Troyat. Flaubert, Flammarion, 1988, reproduit pl. 2.
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