Lot n° 393

BOGUET, Henry. Discours exécrable des sorciers. Ensemble leur procez, depuis 2. ans en çà, en divers endroicts de la France. Avec une instruction pour un juge, en ce faict de sorcelerie.

Estimation : 700 / 800
Adjudication : 1 600 €
Description
Rouen, Jean Osmont, 1606. In-12° : [12]-445-[6] pp. (très pâles mouill., pet. taches concentrées, rares déch. marg.). Broché (mors sup. part. fendu, pet. manque au dos). Sous une chemise de protection en vélin à petits rabats, dos lisse titré à la plume (pet. trous de vers). Troisième édition (éd. orig. : 1602) de cet INTÉRESSANT ET RARE OUVRAGE de démonologie basé sur des cas concrets, des procès et des interrogatoires que Boguet fit subir, comme celui de Françoise Secrétain, prisonnière pour avoir envoûtée et "rendue impotente de tous ses membres" Louise Maillat âgée de 8 ans.

Traite de l'accouplement du démon avec les sorciers et sorcières, de leur faculté à tuer avec leur souffle et leur haleine, du sabbat (le jour, le lieu, ce qui s'y fait...), des lycanthropes, de leur inhumation en Terre sainte, des personnes qui se moquent des exorcismes, etc. Les "Instructions", adressées à un juge comtois de Salins et qui eurent une grande influence à l'époque, sont composées de 70 articles sur la procédure à suivre dans les cas de sorcellerie : vérifier s'ils n'ont pas des poudres ou graisses sur eux, ne pas les regarder dans les yeux ni les laisser toucher les mains ou bras nus à moins que le juge ne l'ait regardé en premier (Boguet pense néanmoins que c'est de la superstition, les sorciers ne pouvant faire du mal aux juges), les interroger tout de suite et seuls, le juge doit éviter la torture autant que possible même si elle est utile dans certains cas, les tortures doivent avoir lieu le jour d'une fête religieuse, etc.

Ouvrage intéressant pour l'histoire des provinces de Franche-Comté et de Bourgogne, réédité 12 fois en 20 ans.
Boguet (1550-1619) fut grand juge de Saint-Claude et eut la réputation d'être un "brûleur féroce", affirmation modérée par Dom Benoît et L. Duparchy en 1892. D'après une double légende, il aurait lui-même fini sur le bûcher et sa famille, aurait racheté les ex. du Discours retirés du commerce.

# Caillet 1320;
# pas dans Dorbon/Bibliotheca esoterica.

Provenance : couvent des Augustins, Tournai (mention d'app. ms. de l'époque).
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