Lot n° 80

Joe BOUSQUET. 1897-1950. Écrivain poète. 4 L.A.S. Carcassonne 1940-1947. & Manuscrit aut. « L’Aveugle de l’aube ».

Estimation : 4000 / 5000
Description
19 pages in-8 et 3 pages in-4,
une enveloppe.

• A Georges Hugnet. Carcassonne, mardi (12 juillet 1947).
Belle lettre littéraire, évoquant l’achat et la reliure de livres et parlant de ses amis surréalistes. Il donne des nouvelles de René Nelli et de Suzette Ramon, en qui il croit vraiment, et énonce le principe qui guide sa collaboration aux revues littéraires. Il complimente longuement Hugnet pour le numéro 2 de L’Usage de la parole, heureux d’y avoir lu des textes de Dali, Leonora Carrington et des surréalistes belges comme Marien et Dumont.

• Carcassonne, 31 juillet (1940). Où il est question de Gide et de Paul Eluard notamment. Le courage est désormais une qualité d’écrivain. Gide en a eu beaucoup […] Le fait qu’il est visé n’est pas tout ce qui nous engage à nous tourner vers lui. Car il n’y a pas que l’esprit de défi pour nous réunir. Les attaques dont il a été l’objet de la part de tout ce qui a été insuffisant ne sont pour nous qu’une indication (…). Joe Bousquet a également vu à Villalier les Gallimard, « toute la N.R.F. avec les Paulhan », René Magritte, Scutenaire, Ubac, Max Ernst, Julien Benda et Paul Eluard, Eluard qui est à la fois son premier ami et son maître « et de très haut ».

• Carcassonne, lundi (1941). Emouvante lettre évoquant sa maladie. Il avoue avoir pensé sérieusement à se suicider ; J’avais ma conscience dans la vie qui s’ouvrait. J’ai souhaité de durer et de pénétrer dans l’époque Paul Eluard. Plus calme depuis peu de jours, je recense mes raisons de croire en l’avenir (…). Il vient de lire l’article sur Reverdy écrit par son correspondant dans la revue Fontaine, il l’en félicite et lui propose d’écrire un « Souvenir déterminant qui paraîtrait soit dans Métamorphoses ou tout simplement dans N.R.F. « purgée de Drieu et rendue à Paulhan ». Il va lui envoyer Traduit du Silence, (…) une image de mon être s’il n’est une image objective de ma vie (…), et au sujet duquel il a déjà reçu des lettres dont celle d’un inconnu l’assurant qu’il emportera ce livre dans le camp de concentration où le traînera !

• A Jean Rousselot. Carcassonne, 1er février 1949. Bousquet le félicite pour son poème [paru dans la revue L’Age nouveau] : (…) Pourquoi, vous qui réussissez comme personne, à matérialiser ce qui veut être, à rendre le réel surréel, en lui ajoutant cette part en pleurs dont son efficacité disait l’absence […]
pourquoi, naïvement, avec trop d’humilité, employer encore le mot : rêve. Le pas poétique est accompli quand certains mots sont devenus caducs : le mot poésie : le mot amour (…). Il envisage lui aussi une possible collaboration à L’Age nouveau, et si ses contes ne le satisfont pas encore, il pourra envoyer des articles sur Eluard, Jarry, Breton et des extraits du livre sur Max Ernst qu’on vient de lui commander. Il y a aussi des poèmes en prose. Mais surtout… des révélations de mes Journaux intimes. Je suis là, je les relis, je m’interroge devant elles (…).

• Manuscrit autographe de Bousquet, dédié « A Sylvie ». Beau monde où la lumière est la parabole du don de chair. (…) Ce que l’amour a traversé entre les feuilles et les eaux tous les fantômes des caresses quand mon regard devint la chair de ce qu’il aime et que rien de lui ment. Mon cœur est enterré dans ce qui les éloigne, comme il a sa prison dans ce qu’il lie mes jours. Femme, je croie vers toi à travers ce qui passe. Pour que mon corps soit mon secret, comme le tien (…).
Poème en prose, avec variantes, paru sous le titre « L’Aveugle de l’aube », dans La Connaissance du monde (Gallimard, 1947).

On joint :
•une copie autographe sur 4 feuillets in-8, à l’encre violette, signée « Aimée » [Marguerite Anzieu], de plusieurs fragments de Sauf votre respect et du Détracteur, romans inachevés de celle qui fut la patiente de Lacan et son sujet de thèse, soutenue en 1932, sur la psychose paranoïaque. Bousquet qui prit connaissance par l’intermédiaire du psychanalyste des textes d’Aimée, pseudonyme choisi par Lacan, les commenta notamment dans la revue 14 rue du Dragon éditée par les Cahiers d’art.
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